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Une presse écrite, des plus sérieuses, explique que si le chômage est actuellement en hausse c’est parce que la population active augmente fortement. On assisterait, en particulier, aux premiers effets de la réforme des retraites, l’allongement de la durée de cotisation nécessaire pour pouvoir prétendre au bénéfice d’une retraite pleine, contribuerait à accroître le nombre des personnes dites actives. Voilà qui paraît tout à fait logique : si l’offre de biens susceptible de correspondre à une demande solvable stagne dans une économie, soit parce que le pouvoir d’achat n’augmente pas, soit parce que l’offre de biens n’est pas concurrentielle, la quantité de travail disponible a forcément tendance à se figer. Des slogans tels que « Travailler plus pour gagner plus » débouchant sur des avantages fiscaux, ou des allègements de cotisations, qui visent à favoriser le travail en heures supplémentaires, ou sur des mesures qui ont pour objet l’allongement de la durée du travail nécessaire pour l’obtention d’une retraite à taux plein, ne peuvent que se solder par une augmentation du chômage. S’il n’en était pas ainsi il faudrait admettre que la logique formelle a perdu ses droits dans notre monde (qui pourtant en procède directement et exclusivement). En somme, quand on dit à un peuple que le recul de l’âge de départ à la retraite est, nécessairement, favorable à la croissance, on se moque de lui ; en réalité l’augmentation de la population active n’est un facteur de croissance que sous certaines conditions qui, malheureusement, ne sont pas actuellement réunies en France. En l’occurrence, à l’époque qui est la notre, l’augmentation de la population active n’a qu’un seul mérite, bien connu et tout naturel, celui de pousser les salaires à la baisse, une baisse au moins relative, en entretenant un niveau de chômage suffisamment inquiétant pour décourager tout mouvement revendicatif visant à l’augmentation des salaires. Le gouvernement français ne fait que favoriser, et accentuer, le jeu des ressors économiques qui agissent spontanément dans une économie libérale, où  la perte de compétitivité ne se peut compenser que par un accroissement de la productivité ou par une baisse du coût de la main d’œuvre. Les gains de productivité autorisent une croissance molle, sans création d’emplois ; celle que la France connaît actuellement. On compte que la non augmentation des salaires, voire, si le climat social le permet, la baisse des salaires, favorisera le retour progressif vers la compétitivité d’une économie qui a été, sans préparation, et sans aucune précaution, livrée à la concurrence des pays émergents où le niveau des salaires n’est pas encore une préoccupation susceptible d’être sérieusement prise en compte ; elle le deviendra à coup sûr ; dans combien de temps ? Combien de générations, en attendant, auront-elles dû être, en France, vouées à la menace d’un chômage de longue durée ? Combien de générations devront-elles travailler plus pour ne pas gagner moins, voire même, le plus souvent, tout en devant accepter de gagner moins ?

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

     

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