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L’extrémisme en politique prospère essentiellement en période de crise économique ; dans ces moments où la situation des moins favorisés s’aggrave. Il consiste à promettre, à peu de frais, des lendemains qui chantent : « y-a qu’à…, c’est tout simple ! Halte à l’immigration qui prend le travail des autochtones ! A bas l’euro qui étouffe les économies nationales ! Mort à l’Europe qui privilégie le grand capital ! Sus au libéralisme, sous toutes ses formes, qui ne profite qu’aux privilégiés ! Au pilori les fonctionnaires et le chômeurs de longue durée, ces profiteurs ! Tous pourris, les hommes politiques de droite comme de gauche ! ».

L’extrémisme se’ veut en quelque sorte « a » (privatif) politique ; il prétend s’adresser au sens commun ; tout le monde doit comprendre son discours… Il croit se mettre ainsi à la portée de la clientèle qu’il démarche, et que dans le fond il méprise ; qu’il juge incapable de nuances ; inapte à comprendre le monde complexe dans lequel elle vit. Cet extrémisme là est fait de populisme ; le peuple est pour lui la voie d’accès au pouvoir, la plus directe, et rien d’autre. En général quand il parvient, par malheur, à agripper les rênes de l’état, il oublie rapidement ses anciennes amours, et s’empresse de se rapprocher de ceux qui détiennent la réalité du pouvoir, les possédants.

Il ne faut certainement pas commettre l’erreur de croire que le communisme d’état est de cette sorte d’extrémisme. La droite, dite classique, veut à tout prix entretenir la confusion à ce sujet ; elle prend argument des méfaits commis par les régimes soviétiques pour nier qu’il faille les différencier, du nazisme et des autres fascismes ; on aurait tort de croire que ce sont les violences faites à la liberté, et à la dignité humaines, qui caractérisent les régimes qui sont ici qualifiés d’extrémistes.

La violence est en réalité un trait caractéristique de la civilisation occidentale qui est incapable de penser la société autrement que comme conflictuelle, au point qu’elle a su mobiliser tous les ressources intellectuelles à sa dévotion pour forger une philosophie, et une anthropologie, visant à démontrer que l’homme est ainsi fait qu’il ne peut produire de société qui ne soit fondée sur l’affrontement des intérêts et des aptitudes contradictoires ; les tenants de cette philosophie et de cette anthropologie, en tout cas ceux à qui la conception de l’homme qu’elles défendent, profite, ont poussé le cynisme jusqu’à leur faire dire, et à l’inscrire dans les statuts des institutions qu’ils ont forgé en leur nom, le contraire du principe sur lequel elles ont pris appui, savoir que les êtres humains sont tous égaux… sans doute, à condition d’admettre que certains le sont plus que d’autres.

Le communisme d’état procède lui aussi des principes qui sont à l’origine de la civilisation occidentale ; mais ce n’est pas un populisme, même s’il est évident que ce fut une tentative malheureuse qui avait pour but d’arracher le pouvoir d’état des mains de ceux qui détiennent la richesse. Le communisme est une péripétie, particulièrement douloureuse, vécue par une civilisation fondée sur la violence ; le communisme d’état est une forme comme une autre de matérialisation de la civilisation occidentale.

Le populisme, à travers lequel s’expriment des tentatives d’appropriation du pouvoir pour le pouvoir, est un viole de la volonté générale ; il s’efforce de l’abuser en accréditant l’idée que des moyens simplistes peuvent faire évoluer l’état d’une société avancée ; ses leaders ne reculent devant aucune outrance, abusant de la crédulité de la partie la moins bien informée de la population, qui est déjà, d’ailleurs, et pour cette raison même, la plus mal traitée.

Donc, si d’un point de vue moral, communisme d’état et populisme extrême ne peuvent être confondus, il n’en reste pas moins que l’une et l’autre de ces idéologies prétendent changer le monde par le seul exercice de la volonté, attendu qu’elles partent d’une idée commune à toutes les idéologies issues de la civilisation occidentale, savoir que le monde est une construction pensée et réalisée par des hommes en tant qu’individus ; regardez les programmes des cours d’Histoire, officiellement adoubée par les plus hautes autorités de la République, et enseignés dans tous les établissements scolaires et universitaires de France : vous n’y trouverez rien d’autre que la chronique, surtout des déclarations (expression de leur volonté profonde… plus ou moins supposée, car bien souvent secrète), et parfois des actes, de personnages dont on s’efforce de faire admettre qu’ils sont les seuls acteurs, ou les acteurs privilégiés, de ce qu’on vous intime l’ordre de considérer comme constituant l’Histoire de l’humanité… Ainsi, notre monde aurait été façonné par des hommes, rendus illustres par les déclarations ineptes, ou les multiples horreurs dont ils se sont rendus coupables… ou, tout simplement, par les cours d’Histoire… tels que : Périclès, Alexandre, César… Louis XI, Louis XIV… Napoléon… et pourquoi pas, Charles de Gaulle ! (A suivre)

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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