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Avait-on réellement cru que la création d’un état juif, ouvert à tous les juifs, en plein Moyen-Orient, peuplé de Musulmans pratiquants, allait régler la douloureuse question juive ? La déclaration Balfour, du nom du premier ministre britannique, unioniste, qui en fut l’auteur, partait, à coup sûr, d’un bon sentiment : il fallait, affirmait-elle, octroyer un : « foyer national pour le peuple juif en Palestine ». Un foyer national ? Mais au profit de quelle nation ? Par quel tortueux raisonnement parvient-on à conclure que les juifs sont un peuple, et, qui plus est, une nation ? Voulait-on dire que tous ceux qui se revendiquent en tant que juifs parviendraient à s’identifier à un peuple unique, et à constituer une nation, dès lors qu’un territoire leur aurait été réservé ? Pour rester ce qu’ils prétendent être, pour rester juifs, devraient-ils, alors, rejoindre, volontairement, ce fameux territoire national ? A défaut, devrait-on les considérer comme des étrangers ? Bénéficieraient-ils automatiquement de la double nationalité ?

Est-on juif parce qu’on pratique une certaine religion ? Si ce n’est pas le cas, doit-on admettre que le fait de procéder d’une lignée ininterrompue de femmes juives confère une particularité physiologique caractéristique d’une race déterminée ? Si oui, nous voilà directement, et explicitement, confrontés avec le critérium du racisme ; qu’il soit revendiqué ne change rien, si ce n’est que la situation s’en trouve aggravée ; impossible de s’y rallier !

Si on est juif parce que pratiquant une religion appelée le Judaïsme, Israël doit être regardé comme un état confessionnel. Et c’est bien ce que, dans le fond, il est, même s’il est bien évident que tous les nationaux d’Israël qui se disent juifs ne sont pas pratiquants, et si une minorité d’entre eux se déclarent laïcs ; ils restent néanmoins juifs en droit, selon la loi israélienne. Il est clair, toutefois, dans l’esprit de tous les juifs, et plus particulièrement dans l’esprit des Israéliens, dieu seul sait pourquoi, qu’un juif qui se convertit à la religion musulmane n’est plus un juif… en tout cas plus un juif authentique. Que devient-il ? Personne ne saurait le dire au juste. Quoiqu’il en soit, les arabes, non juifs, musulmans ou non, ne bénéficient pas d’une nationalité pleine et entière en Israël… Comprenne qui peut ; mais si déjà les prémisses qui sont censées justifier la création de l’état juif sont incompréhensibles, comment espérer, que le dit état, créé par la volonté des Nations-Unies et par la force des armes, puisse être compris par les non juifs, et surtout admis par ceux aux dépens de qui cet état s’est auto-proclamé, avec la bénédiction lointaine, et distraite, du concert des nations ?

Un état confessionnel en plein XXIème siècle, n’est-ce pas, pour le moins, un anachronisme ? Quand, en plus, la réalité des faits conduit inéluctablement à devoir reconnaître que cet état ressemble à s’y méprendre aux anciens états coloniaux inventés par l’Occident, aussi justifiés, et nobles, qu’aient pu être les motifs qui ont milité en faveur de sa création, force est d’admettre que celle-ci a clairement posé un défi redoutable… dont, malheureusement, le concert des nations s’est totalement déchargé sur les épaules des protagonistes du drame qui est en train de se jouer au Moyen-Orient, sur les épaules des Israéliens et des Palestiniens.

Désormais, il devient difficile de nourrir la moindre illusion quant à la possibilité pour les Israéliens de faire admettre l’existence de leur état par les populations musulmanes qui les côtoient ; on serait tenté de dire que c’est déjà miracle que les populations musulmanes, qui ont la nationalité israélienne, ne se soient pas encore révoltées ; à moins qu’il faille y voir une indication sur ce que pourrait être la voie du salut.

Faute de voir émerger une autorité palestinienne capable de s’exprimer au nom de tous les Palestiniens parce que son autorité ne serait pas contestée, la sagesse ne consisterait-elle pas à placer la Palestine sous mandat international, ce qui supposerait d’avoir, bien sûr, l’aval de tous les états du Moyen-Orient ; avec, comme contrepartie, d’une part, le retrait des forces israéliennes de tous les territoires non attribués à l’état hébreu par les décisions des Nations-unies, et, d’autre part, le contrôle des frontières israéliennes par des soldats de la paix ? C’est à cette seule condition qu’un état palestinien pourrait, progressivement, voir le jour, capable à terme, de se substituer aux instances internationales ; susceptible d’accepter la présence de colons israéliens sur son territoire et d’en assurer la sécurité ; ayant noué des liens économiques forts avec le puissant voisin israélien, qu’il pourrait alors regarder comme un allié, et non plus comme un ennemi… à condition que, au préalable, le droit au retour des populations réfugiées, qui ont dû, depuis 1947, quitter le sol de l’état d’Israël, ait été réglé ; à charge, pour les nations qui ont présidé à la naissance d’Israël de pourvoir, en toute justice, au dédommagement des familles de réfugiés qui consentiraient à ne pas rejoindre le territoire palestinien.

Si les Arabes non juifs, citoyens de l’état juif, ne se sont pas révoltés (pas encore, du moins ; mais quid si le conflit israélo-palestinien devait encore durer longtemps ?), c’est évidemment qu’ils trouvent quelque avantage à leur situation ; la solution du problème palestinien ne serait-elle pas grandement facilitée si les conditions économiques qui règnent à Gaza et en Cisjordanie pouvaient être stabilisée, et notablement améliorées ? Israël doit être perçu comme une chance par la Palestine, voire même par l’ensemble des états du Moyen-Orient ; Israël peut et doit contribuer à la prospérité de toute la région. Il faut pour cela que la paix s’y installe.

Quoiqu’il en soit la situation actuelle ne peut plus être tolérée ; on ne peut plus accepter que des minorités d’activistes, de jusqu’au-boutistes frénétiques, irresponsables, poussent Palestiniens et Israéliens à s’entretuer ; il faut arrêter l’effusion de sang qui n’a d’autre conséquence que de faire prospérer les haines.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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