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On peut essayer, dès maintenant, de tirer quelques conclusions des considérations qui ont été exposées à l’occasion des 6 articles précédents qui ont traité de la possibilité de simuler une conscience humaine à l’aide d’un calculateur électronique. On a vu qu’il pouvait n’être pas incohérent d’imaginer que me mode de fonctionnement du cerveau puisse procéder, pour l’essentiel, des mêmes principes généraux que ceux à partir desquels les ordinateurs fonctionnent. En particulier l’hypothèse de l’existence d’un programme en charge de l’aménagement des représentations s’est imposée comme d’elle-même ; programme dont le fonctionnement, par définition, est indépendant de la conscience, puisque c’est de ce fonctionnement que l’existence de la conscience dépend ; programme, dont on a donc vu que, du moins au début des temps, au cours des premières acquisitions programmatiques qui sont exclusivement la conséquence des expériences vécues, et des déterminations neurophysiologiques et hormonales du sujet, il ne pouvait se structurer que spontanément, sans le moindre recours à la volonté du sujet.

Les instructions qui composent ce programme correspondent aux arborescences qui ont donné lieu à des représentations passées et qui, ayant été pérennisées, sont devenues ré-activables. Les dites instructions ne peuvent pas être effacées, ne peuvent pas être rendues non ré-activables, volontairement ; elles sont les voies d’accès à la conscience ; ou plutôt, pour éviter toute équivoque, pour ne pas donner à penser que la conscience pourrait être une fonction particulière du cerveau, ou un lieu géographiquement déterminé dans le cerveau, qui ferait office, comme on l’a longtemps cru, de scène de théâtre, disons qu’elles sont le cheminement (toutes les arborescences pérennisées étant connectées entre elles, étant concaténées) que le cerveau va parcourir pour y puiser les éléments qui s’avèreront nécessaires en vue de construire le nouvel état de conscience en cours d’élaboration.

On ne peut corriger les instructions enregistrées par le cerveau, mais heureusement on peut les contourner ; c’est pour cette raison qu’il est totalement inopérant de s’efforcer de lutter de front contre une addiction ; mais qu’il est possible, en revanche, de tracer (certes à grand peine ; à force de discipline et d’obstination) de nouveaux cheminements ; la force de l’habitude pouvant se substituer, à condition d’en user avec précaution, aux conditionnements construits inconsciemment… méthode que certains qualifient d’art de la fuite ; qui relève plutôt de l’art de l’esquive. Personne ne peut se défaire des vieux vêtements dont ses humeurs (au sens archaïque du terme) l’ont affublé ; tout au plus peut-on les camoufler sous une cape de sa façon, que chacun peut couper à sa mesure ; le sens commun se plait à dire : « Chassez le naturel, il revient au galop » ; il est vrai que le programme ancien, celui qui est, précisément, le plus contraignant, celui dont on voudrait à tout prix se libérer, est aussi celui qui reste toujours présent, comme à l’affût, menaçant à tout moment, dès que l’occasion lui en sera offerte (qu’il faut évidemment éviter de lui offrir), de reprendre la main ; mais il ne s’agit pas d’un monstre de la nature ; il ne faut pas y voir le « nature »l revenant au galop ; c’est, à proprement parler, un envahisseur, un parasite tyrannique, une puissance importée, un « virus », qui a pris le contrôle du programme de la victime ; programme dont il faut rappeler qu’il est seul en mesure de tracer la voie susceptible de conduire à l’humanité.

Voilà, en quelque mots, ébauchée une nouvelle approche, riche d’avenir, du problème de la responsabilité et de la culpabilité individuelles. (A suivre).

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