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Pour dire vrai, le fait divers qualifié par les médias d’« affaire Sarkozy-Fillon », qu’on finira par élever au rang d’affaire d’état, est, tout au plus, une affaire Jean-Pierre Jouyet-Fillon, s’il faut, à tout prix, en l’occurrence, parler d’affaire.

Qui pourrait bien ignorer encore que la droite est profondément divisée quant au crédit qu’il conviendrait d’accorder à Nicolas Sarkozy. Tout conduit à penser que nombre de responsables de la droite classique pensaient déjà que sa candidature à la présidentielle de 2007 était inopportune. Tout a été à l’époque entrepris, jusqu’aux manœuvres les plus basses, pour l’écarter de la compétition ; sa candidature venait, sans doute, entraver certaines ambitions ; peut-être, aussi, était-on parvenu à considérer qu’elle constituait un danger pour la France, ou la République, à en juger par la violence de l’opposition qu’elle suscitait dans son propre camp. François Fillon, qualifié de collaborateur par l’ancien président de la République, et traité comme tel pendant cinq ans, connaît bien monsieur Sarkosy ; il ne l’en estime pas plus pour autant ; c’est de notoriété publique ; les révélations du monde sur l’hostilité qui oppose ces deux hommes ; sur le désir de François Fillon de voir écarter des primaires son concurrent direct ; ne constituent nullement une nouvelle ; ce n’est pas un scoop.

François Fillon a-t-il pu pour autant demander clairement à Jean-Pierre Jouyet de faire intervenir l’Elysée pour hâter les procédures judiciaires en cours contre Nicolas Sarkozy ? Certes ce n’est pas totalement invraisemblable ; parlant librement avec celui qui avait été Secrétaire d’Etat aux affaires européennes, alors que lui-même assumait les fonctions de Premier Ministre, sous le précédent quinquennat, François Fillon a pu laisser tomber le souhait que les dites procédures judiciaires aboutissent au plus vite. Pas de quoi fouetter un chat ; rien d’extraordinaire, et encore moins d’anormal, si l’auteur du souhait, craint que les griefs que la justice exprime à l’encontre de l’ancien chef de l’état soient fondés.

Jean-Pierre Jouyet a-t-il pu confier, à deux journalistes du journal Le Monde, la teneur d’une telle conversation ? Ce n’est pas impossible, mais à l’évidence cela n’a été rendu possible que si le secrétaire Général de l’Elysée avait la conviction que ses propos ne seraient pas répercutés dans les médias : déclaration « off the record », destinée à ne pas dépasser le cercle des interlocuteurs en présence ; Jean-Pierre Jouyet a-t-il été enregistré à son insu ? C’est infiniment probable.

Qui peut imaginer qu’un homme dont droite et gauche confondues se disputent les compétences ; qui a été, entre autres, Inspecteur des finances ; Directeur de la CDC ; président de la BPI ; chef de cabinet de jacques Delors quand il était président de la commission européenne ; Secrétaire d’Etat aux affaires européennes d’un gouvernement de droite ; après avoir été directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin, premier ministre de gauche sous Jacques Chirac ; et qui est à l’heure actuelle Secrétaire Général de l’Elysée sous un Président de la République socialiste… qui peut croire qu’un serviteur de l’état, ayant assumé en si grand nombre les responsabilité les plus hautes dans l’administration centrale, et jusqu’à des fonctions politiques, peut se rendre coupable d’une telle bavure ? Car en l’occurrence il s’agirait bel et bien d’une bavure.

La rumeur médiatique, tout aussi sotte et beaucoup plus dangereuse que toute rumeur non médiatisée, suggère, en espérant le faire accroire, que ce qui n’est probablement qu’une confidence faite par Jean-Pierre Jouyet à deux journalistes, qui l’auront exploitée abusivement, est en réalité une manœuvre sciemment orchestrée par l’Elysée visant à déconsidérer François Fillon. François Hollande se sentirait, dit-on, plus assuré de l’emporter, en 2017, contre Nicolas Sarkozy que contre l’ex premier ministre de ce dernier ; c’est à mourir de rire !ou de chagrin ! On prend les socialistes pour un ramassis de crétins, et le peuple français pour un troupeau de veaux.

L’évidence c’est que des journalistes du Monde ont voulu offrir un scoop à leur journal ; ils n’ont pas fait que se déconsidérer eux-mêmes ; ils jettent le discrédit sur un prestigieux organe de la presse écrite française. Quel résultat pouvaient-ils espérer retirer de leur opération ? En fait il est bien exact qu’ils ont pénalisé François Fillon, mais seul Nicolas Sarkozy pourrait en tirer profit aux yeux de l’opinion (serait-ce conforme à leur souhait ?) ; une deuxième conséquence s’impose en effet ; ils ont mis l’Elysée en difficulté : qui pourra, jamais, prouver que l’enregistrement de l’entretien entre Jean-Pierre Jouyet et les journalistes a été effectué clandestinement ? La preuve en serait-elle apportée qu’il resterait manifeste qu’un tel entretien a pu avoir lieu ; d’aucuns, particulièrement naïfs, beaucoup plus nombreux qu’on ne croit, en resteraient troublés, s’imaginant être en présence d’une dangereuse collusion. Quel gâchis !

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