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La montée du Front National, que les sondages créditent d’un quart, voire d’un tiers, des voix aux élections régionales à venir, des 6 et 13 décembre prochains, incite les états majors des partis qui s’opposent à lui, à envisager l’adoption de stratégies susceptibles d’écarter le danger, qui commence à se préciser, d’une possible conquête du pouvoir exécutif dans une, ou plusieurs, des treize régions françaises, par le parti de Marine Le Pen. Une telle hypothèse confine à la certitude si rien n’est fait pour corriger le jeu d’un scrutin qui, mêlant les caractéristiques d’un scrutin proportionnel de liste à celles d’un scrutin majoritaire de liste, assure un avantage décisif à la liste qui, bien que n’ayant pas obtenu la majorité absolue des voix qui se sont exprimées au premier tour, est parvenue en tête du second tour de l’élection. Les stratégies envisageables pour remédier à ce risque sont évidemment connues depuis longtemps ; elles sont au nombre de deux : chacune des deux forces politiques considérées (le Parti Républicain, ou le parti de gauche le mieux placé), qu’elle soit, ou non, en tête à l’issue du premier tour, si elle n’a pas, dès ce premier tour, remporté la majorité absolue des voix, ne peut avoir la certitude de l’emporter au second tour, et de prendre le contrôle de la région, que si elle est assurée d’augmenter son assise électorale au second tour, soit par une hypothétique mobilisation en sa faveur des abstentionnistes du premier tour, soit par le ralliement des électeurs qui se sont prononcés au premier tour en faveur de la force concurrente, elle aussi opposée au Font national.

Traditionnellement on parle de Front Républicain là où un candidat (ou une liste de candidats) se désiste, purement et simplement, au profit d’un autre candidat (ou d’une autre liste de candidats), mieux placé, pour lui permettre de battre l’adversaire commun (du candidat qui se désiste et de celui au profit duquel le désistement a eu lieu), dont, l’un et l’autre, veulent à tout prix assurer la défaite.

La conjoncture économique et sociale que connaît la France plaide en faveur d’une autre conception du Front Républicain ; il s’agirait, non plus de désistement en faveur de la liste la mieux placée au premier tour, mais de fusion des liste opposées au Front National, et capables de s’entendre sur un programme commun, pour le second tour.

Pour la France d’aujourd’hui, rétablir la compétitivité de son économie est, à l’évidence, et toutes les tendances politiques en conviennent, la priorité des priorités. Redonner des marges de manœuvre au système de production, pour lui permettre d’abaisser ses coûts et reconquérir tout ou partie des marchés perdus, passe non pas uniquement mais, à coup sûr, nécessairement, à la fois par la concession d’avantages fiscaux aux entreprises, et/ou l’abaissement des charges sociales patronales qui pèsent sur les salaires, et par l’assouplissement du marché du travail. Les salariés, savoir l’immense majorité de l’opinion publique, ne peuvent accepter une politique visant à favoriser résolument l’entreprise que si des contreparties leur sont accordées, de telle sorte qu’il apparaisse, sans la moindre équivoque possible, que les avantages accordés aux entreprises ne bénéficient pas exclusivement au patronat et aux actionnaires, mais sont équitablement répartis entre toutes les parties prenantes qui contribuent au fonctionnement de l’entreprise et à sa prospérité. Jamais des conditions aussi favorables à une coopération entre les forces de droite, depuis toujours favorables à l’entreprise et, plus particulièrement, à leurs dirigeants, et les forces de gauche, défenseurs naturels des salariés, ne se sont présentées.

Les heures douloureuses que la France a connues, à la suite de la crise financière qui a failli entraîner à sa suite toute l’économie occidentale, et dont elle a du mal à se remettre ( même s’il est manifeste qu’elle en a moins souffert que bien d’autres pays occidentaux), a conduit le pays, par un hasard extraordinaire, et fort heureux, à se trouver confronté à un choix décisif, historique, qui lui donne l’occasion de marginaliser le péril noir de l’extrémisme politique, tout en restaurant son économie et en redessinant pour longtemps son paysage politique.

L’heure du recentrage politique a sonné. Les partis de la droite classique, essentiellement le parti (malencontreusement nommé) « Les Républicains » et le Centre, et les partis de la gauche de gouvernement , essentiellement le parti Socialiste, les Radicaux et une fraction des Ecologistes, ne pourront pas faire autrement, à moins de consentir au suicide, que de s’allier, en fusionnant leurs listes, dans plusieurs circonscriptions à l’occasion de l’élection des assemblées régionales. La classe politique montrera ainsi, de façon spectaculaire, à l’opinion publique, qu’elle est capable de constituer, quand le sort du pays, et la sauvegarde des libertés et de la prospérité économique en dépendent, une large coalition des principales forces républicaines de droite et de gauche.

On s’apercevra alors que cette nouvelle acception de la notion de Front Républicain est la formule qui pourra, et devra donc présider nécessairement, à la prochaine élection législative en 2017 ; formule à laquelle la campagne pour la présidentielle, qui précèdera les législatives, devra préparer l’opinion publique.

Pour être plus exact on ne prend pas un grand risque d’être contredit par les faits en annonçant que le prochain Président de la République sera le candidat qui aura su convaincre l’électorat qu’il est en mesure de construire, et de diriger, cette grande coalition dont la France a le plus grand besoin, et que les Français, dans leur grande majorité, appellent de leurs vœux.

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