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Quand on se contraint d’écouter, quelque déplaisir qu’on y prenne, les députés socialistes qui se sont fait une réputation de frondeurs, on découvre, avec stupeur, que, pour eux, l’énorme code français du travail, touffus, confus, inexploitable, devrait être regardé comme le Saint Graal du socialisme. Incontestablement, il faut admettre que de jeunes socialistes (le petit bataillon des frondeurs a une moyenne d’âge qui ne dépasse probablement pas les quarante ans), en sont encore à considérer que l’avenir de l’humanité se joue au niveau de la lutte des classes, et que le code du travail, lourdement abondé, il est vrai, par le sang et la sueur du prolétariat du siècle dernier, reste l’indicateur, indépassable, définitif, du progrès social ; il mesurerait l’état du rapport de force entre le salarié et l’employeur, en déterminant scrupuleusement les obligations du patron envers le salarié… ce qui, en soi, certes, n’est ni faux ni totalement inutile ; mais, surtout, il donnerait la mesure du progrès social, lequel passerait nécessairement, il est à craindre même que ce soit exclusivement, par une évolution du contrat de travail toujours plus favorable au salarié.

Les camarades frondeurs, comme leurs alliés du Parti Communiste, du Parti de gauche, et du fantomatique parti d’Europe Ecologie les Verts, s’évertuent à explorer l’avenir en regardant derrière eux, et dans le passé ; ils sont tétanisés à l’idée que le terme socialisme puisse être analysé comme un concept en devenir perpétuel ; ils s’en tiennent à une orthodoxie à caractère religieux, inamovible ; selon eux il n’y aurait qu’un seul chemin, dans les domaines économique et social, qui conduise à la satisfaction des objectifs, des impératifs, du socialisme : et ce chemin mènerait à un accroissement constant de la part du profit revenant aux salariés (ce qui est bien, en effet, le but à atteindre), mais en se contentant de rendre le contrat de travail de plus en plus contraignant pour l’employeur et de plus en plus protecteur pour le salarié… sans se préoccuper des conditions dans lesquelles l’entreprise pourra être en mesure de dégager des profits, ni du niveau atteint par ces derniers, ni même de leur existence ; ils se fient à une équation du premier degré : le PIB augmente plus vite que la population ; le capital reste néanmoins favorisé par rapport au travail… il suffit donc de réorienter les flux financiers… ce qui était vrai dans le cadre d’une économie nationale, hyper protégée, à l’époque où, d’une façon générale, la production était captive… en effet il n’y avait alors d’autre problème à résoudre que celui de la répartition du profit. Aujourd’hui il en va tout autrement.

Désormais, le premier problème qui s’impose à toutes les régions du monde, et donc aux nations, c’est de préserver leur tissus économique, quand il leur en reste un, en assurant ou en restaurant la compétitivité de leurs entreprises, ou, de préférence, de l’étendre (ce tissus économique), en investissant dans l’innovation et en prenant des parts de marché dans des secteurs industriels de pointe et d’avenir, ainsi que dans les services ; à défaut toute une région peut se trouver désertée, en peu de temps, par la fuite de la totalité de ses moyens de production. L’économie n’a plus de frontière ; le terrain de jeu de la compétition s’est élargi à l’échelle de la planète ; la priorité des priorités pour les salariés, pas pour les patrons, c’est de veiller à assurer, sur place, la compétitivité de leurs entreprises ; c’est, par conséquent, de se préoccuper, d’abord, d’étendre le champ des solidarités en sécurisant les parcours professionnels des salariés et en développant intelligemment la formation (il n’est plus temps de faire prendre en charge sur les budgets de la formation des cours de danse, ou d’échecs ; ou de bridge…), en faisant prendre en charge par le budget de l’état, au niveau de la solidarité nationale, des compléments de salaire pour soulager les coûts de production partout où cela s’avèrerait nécessaire…ce n’est plus le contrat de travail qui peut assurer la sécurité du salarié, en tout cas pas à lui seul ; et il faut même ne pas hésiter à assouplir les garanties qui en découlent si la compétitivité de certaines entreprises en dépend, sous réserve de contrôle démocratique (le cas échéant syndical, mais pas seulement).

La France a eu à souffrir d’une totale impréparation à affronter la mondialisation ; elle a eu, en revanche, la chance d’avoir confié son destin, en 2012, à une majorité de gauche ; et, sans l’avoir réellement voulu, d’avoir élu un président qui a eu le courage de ne pas sacrifier à la démagogie, de prendre en compte la situation réelle du pays, et de comprendre que, désormais, l’avenir des entreprises installées sur le sol national devenait la préoccupation première des salariés du pays ; il s’est employé, envers et contre tout, à promouvoir la politique que la situation commande.

Des trublions, sans la moindre envergure politique, je veux parler des pseudo-frondeurs du Parti Socialiste, ont fait tout leur possible pour, avec une incroyable inconséquence, au nom d’une idéologie passéiste, anachronique, discréditer cette politique ; leur activisme verbal, ou plus exactement verbeux, s’il devait se poursuivre, et continuer d’être vivement encouragé par les médias comme il l’a été au cours des deux dernières années, pourrait bien finir par valoir à la France, à l’instar de ce qu’avait si bien réussi C. Taubira en 2002, le retour désastreux de la droite au pouvoir…

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