Un théâtre d'ombres

La politique a longtemps été un théâtre d’ombres où d’habiles illusionnistes donnaient à croire, à un peuple naïf, que le monde était sous la menace permanente de monstres terrifiants, contre lesquels l’élite s’engageait, à bon compte, à les protéger. Certains, dans la classe politique, ou médiatique, s’imaginent qu’il leur suffit encore de force gesticulations, truquages, savants mouvements des poignets, et subtiles architectures digitales, pour abuser le brave électeur/spectateur et lui faire admettre le scénario de son choix en place de la simple et saine réalité ; malheureusement pour eux, le peuple s’est détourné de l’écran et du spectacle d’ombres chinoises qu’on y donne, à grand peine et à grands frais, à son intention, et regarde désormais, en pleine lumière, les acrobaties grotesques du contorsionniste… un chat est un chat, et les commentaires et dénégations enflammés de ceux qui ne sauraient s’y résigner n’en feront jamais un tigre.

La CGT, et ses comparses, ont défilé le jeudi 23 juin ; dans les conditions proposées par la préfecture de police et entérinées par le Chef de l’état et le gouvernement ; ainsi la preuve a été administrée que les autorités avaient eu raison de s’opposer aux modalité proposées par les organisateurs ; lesquelles lors des précédentes manifestations avaient donné lieu à des débordements inouïs et tout à fait inacceptables. Le défilé s’est déroulé sans violence : le droit de manifester a été respecté ; et, surtout, la sécurité a pu être assurée. Tels sont les faits ; ils sont tout à l’honneur des autorités qui, du même coup ont permis à une autre vérité de venir en pleine lumière : la mobilisation s’essouffle ; elle s’enlise… ce qui n’aurait pu être constaté si la manifestation avait été purement et simplement interdite.

Chapeau ; c’est un coup de maître… et les commentaires fielleux de monsieur Sarkosy n’y changeront rien.

A lire la presse (plus particulièrement le journal Le Monde) la politique du Chef de l’état ne serait faite que de tâtonnements, d’hésitations frileuses… d’autres, mieux avisés que les journalistes du monde ou les propriétaires de cette publication, y verront une ferme détermination à ne pas céder à la facilité (ni autoritarisme ; ni laxisme) ; et une priorité absolue concédée au compromis ; ceux qui ne cherchent que la paix, un début de solution aux divisions spectaculaires de la classe politique, l’apaisement des esprits en proie à une extrême confusion, sauront se réjouir, sans réserve, que la France ait aujourd’hui à sa tête un homme qui ne se préoccupe guère de son propre destin, qui est animé par une foi indéfectible en la grandeur de la France et en sa capacité à surmonter tous les obstacles qui prétendraient s’opposer à son développement, mais qui croit avant tout au génie d’un peuple qu’il veut à tout prix pacifier… rien n’est plus opposé à la pensée du Chef de l’Etat que la recherche d’un quelconque triomphe, fut-ce du simple bon-sens, et encore moins de ses propres conceptions ; rien plus que l’idée qu’il faudrait nécessairement que la politique consiste en la quête de la victoire d’un camp comme résultat d’un rapport de force, d’un bras de fer ; de ces affrontements dont la droite raffole, et dont les vainqueurs seraient, à l’en croire, les seuls authentiques grands hommes d’état… vision caricaturale, procédant d’une conception surannée de la politique, dont on trouve la quintessence, décrite avec minutie, dans l’encore trop célèbre ouvrage de Plutarque (premier/deuxième siècles après Jésus-Christ), intitulé « Vies parallèles », dit encore « Vies des hommes illustres », dont on sait qu’il était le livre de chevet du « Général » (certains, peu nombreux, du moins faut-il l’espérer, y auront vu, et continuent d’y voir, une caution suffisante).

François Hollande offre à la France la possibilité d’en finir, une fois pour toutes, avec le théâtre d’ombres de la politique ; nul doute que les Français voudront se saisir, avec avidité, de cette opportunité en 2017