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En marche, mais pour aller où ? Un jeune homme bien sous tous rapports ; que rien a priori ne destinait à la politique ; se dresse, seul, et, dans une posture qui s’inspire manifestement de celle du général De Gaulle ; il en appelle à la France et aux Français, se déclarant prêt à assumer les responsabilités suprêmes.

La France serait-elle à la dérive ? serait-elle menacée dans son intégrité ? Les circonstances justifieraient-elles que le peuple français se cramponnent aux basques d’un homme providentiel pour le guider, lui éviter le pire ? pas qu’on sache !

Le jeune homme bien a commencé sa carrière solitaire en trahissant, en poignardant dans le dos, celui qui l’avait sorti de l’ombre, alors que n’étaient en jeu que de médiocres différences d’appréciation sur la méthode en politique. Mauvais début !

Néanmoins essayons de comprendre ce qui le fait agir.

Manifestement ce garçon a fait un rêve. Il a vu en rêve l’évaporation de la politique : les partis n’ont plus de raison d’être, ce sont des vieilleries ; il suffit d’en appeler, directement, sans aucun corps intermédiaire, à la bonne volonté de chaque citoyen, pour qu’un large consensus s’installe, et que le pays retrouve l’énergie, l’inventivité, l’unité. Oui, c’est vrai, il y a des exemples de ce genre d’organisation politique qui ont réussi… Gengis Khân, Charlemagne. Mais De Gaulle, qu’on sache, malgré son mépris pour les partis politiques, n’a jamais pu gouverner que grâce à eux.

Monsieur Macron qui est un analyste très perspicace, et très subtil, de la vie politique du pays a observé qu’un mouvement aussi improbable, aussi inconséquent, inorganisé, improvisé, que Nuit Debout, avait pu mobiliser des foules, pendant des mois, malgré l’inconfort dans lequel celles-ci étaient invitées à se réunir ; malgré un bavardage, ininterrompus pendant des nuits entières, qui ne débouchait jamais sur rien de positif, ni de concret ; il a fait le pari que, lui aussi, en ne promettent rien, en se contentant de convier des foules anonymes à se rassembler, à des heures convenables et dans des lieux confortables, pour exprimer leurs souhaits, pour formuler leur suggestions, en restant très vague quant à son propre point de vue, en affirmant que le changement, et un changement radical, est possible, parviendrait à mobiliser largement ; que toutes  les composantes de la société se trouveraient représentées dans ces meetings ; que plus il resterait secret quant à ses propres plans plus la mobilisation pourrait durer ; qu’il serait ainsi en mesure d’entretenir la ferveur tout au long des mois qui nous séparent de la présidentielle… pari tenu, pour l’instant, mais jusqu’à quand ?

La stratégie est claire : faire durer l’ambiguïté suffisamment longtemps pour être élu, et prendre ensuite les rênes du pouvoir dans un état pluriséculaire, parfaitement organisé, en s’en remettant, comme il se doit, parce qu’il ne se peut faire autrement… aux partis politiques en place.

C’est vraiment prendre les Français pour des imbéciles et, plus particulièrement, les Français de gauche, pour des débiles profonds ; parce que monsieur Macron a bien compris que le peuple de gauche est bien plus sujet aux emballements et, il faut, bien l’avouer aux rêves ; et que c’est à lui qu’il fait mine de s’adresser ; il a même le culot de se prétendre de gauche ; mais sans doute d’une gauche qui ne compterait qu’un seul militant, lui.

Voilà qui est à la mesure de l’ego démesuré de ce fort en thème, de ce chéri de la finance, qui ne doute de rien, et en tout cas pas de sa capacité à berner la plus vieille nation du monde.      

 

 

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