Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le néolibéralisme est l’aboutissement logique, l’achèvement, du libéralisme. Il a consisté, entre autres, à donner à l’économie un langage universel ; et de ce point de vue il constitue un immense progrès ; toute l’activité humaine, laquelle, d’une façon ou d’une autre, touche inéluctablement à l’économie, a été monétisée, ou financiarisée, suivant son importance relative ; on peut regretter que cette propension, dans le fond, naturelle, de l’économie comprise au sens large, ait été livrée à elle-même, sans aucune borne ; il n’en reste pas moins que l’argent est un langage qui permet à l’économie de prospérer tout en répondant spontanément aux besoins avérés, et solvables, des sociétés. Mais d’un langage naturel on peut affiner la syntaxe, développer le vocabulaire, sans en trahir la grammaire qui a présidé à sa naissance. La financiarisation de l’économie répond à un besoin évident ; encore faudrait-il respecter les règles essentielles qui la justifient, et veiller à ce que son usage ne défavorise aucune catégorie de la population… de la même façon qu’une langue parlée doit faire l’objet de soins attentifs pour ne pas dégénérer et que sa bonne pratique ne doit en aucune façon constituer ni un privilège, ni même un avantage, opposables à qui que ce soit, et que, tout au contraire, elle doive être mise au service de tous.

La financiarisation de l’économie a raison des frontières nationales ; à ce seul titre elle mérite déjà d’être regardée comme une alliée de l’humanisation des sociétés. L’institution nationale a servi l’humanité, mais elle a fait son temps ; les êtres humains veulent résolument en finir avec son cortège de compétition, de haine et de guerre ; les concepts de races, d’ethnies, ont fait leur temps ; on peut dire en quelque sorte que l’heure du « fils de l’homme » a sonné ; comment ne pas s’en réjouir ? Comment accepter que certains, par timidité, par pusillanimité, par manque de culture, ou par manque de mémoire, chantent aujourd’hui les louanges de la nation, cette institution d’un passé révolu ? Les hommes et les femmes ne devraient revendiquer désormais aucun autre titre que celui que leur confère leur appartenance à l’espèce humaine.

Attention, toutefois ! La financiarisation de l’économie, et la globalisation, qui en est la contrepartie nécessaire, notamment sous forme de mondialisation (tout comme le capitalisme d’ailleurs), est une pratique qui, en soi, n’est ni de droite, ni de gauche ; c’est une technique universelle qui concoure à réunir les conditions susceptibles de permettre à l’économie de majorer ses performances. Les forces de gauches ont le devoir de s’en emparer, et de la mettre au service, non pas du plus grand nombre, mais de tous. Au lieu de quoi elles s’obstinent à dénoncer ce qu’elles croient en être la nocivité, l’aggravation des écarts de conditions, qui est en réalité le fruit, non pas de l’organisation structurelle de l’économie, mais de la cupidité d’un petit nombre, avide de s’approprier la force de production, qui est le bien commun par définition, et prêts à commettre le pire des crimes contre l’humanité qui se puisse concevoir, celui qui consiste à justifier leur droit de propriété au nom d’une supposée hiérarchie en humanité qui serait fondée sur le mérite… or l’humanité est une et n’appartient en propre à personne, chaque individu ne pouvant y participer qu’à raison de la chance que les circonstances lui ont offerte d’en avoir commerce.

On ne peut pas se prétendre de gauche si on n’œuvre pas en vue d’une juste répartition de la richesse et des revenus ; mais l’ambition  de favoriser l’égalité des conditions entre tous les êtres humains ne suffit pas à caractériser une posture de gauche, il y faut ajouter le motif justifiant qu’un tel objectif doive être regardé comme étant la fin ultime de la politique : être de gauche c’est avoir compris que l’humanité ne jaillit pas, toute armée, du capital génétique dont dispose un être vivant destiné à l’humanité par sa naissance ; qu’elle procède d’une puissance qui transcende et l’individuel et le collectif, bien qu’elle ne puisse s’épanouir sans eux ; qu’elle est un bien commun qui ne tire sa valeur que d’elle-même ; qu’elle ne profite à tous qu’à la seule condition que chacun se mette, sans arrières pensées,  sans esprit de lucre, à son service… l’appropriation privée, à titre individuel, des produits de la culture est un non-sens, voire un scandale.

Le néolibéralisme est un produit de la culture.    

               

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :