Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le débat sur la question de savoir si les attributs constitutifs de l’humanité qui, d’une façon générale, devrait, en principe, caractériser tous les hommes, et les particularités de la personnalité qui déterminent chacun d’entre eux, sont innés ou acquis, n’est pas clos. Le sera-t-il jamais ? Peut-il l’être ? On peut en douter, du moins tant que ce débat restera pondéré d’une lourde charge idéologique.

Si on accepte d’oublier momentanément les conséquences susceptibles de découler de la réponse, quelle qu’elle soit, qui s’avèrerait devoir être apportée, finalement, à cette question, on peut faire observer d’abord qu’il est certain que tout homme reçoit, à sa naissance, avec  le capital génétique dont il hérite, un certain nombre de déterminations qui ne peuvent en aucun cas être considérées comme négligeables ; telle est, indiscutablement, la part de l’inné ; comment en apprécier, à sa juste valeur, le rôle qu’elle joue, pour chaque individu, et dans la constitution de sa personnalité qui fait de lui un spécimen unique, non reproductible à l’identique, de l’espèce à laquelle il appartient, et dans l’accession aux attributs de l’humanité qu’il a, en quelque sorte, vocation à partager avec l’ensemble de ses congénères?

L‘immense difficulté à laquelle on se trouve immanquablement confronté quand on aborde cette question réside dans le fait que tout commencement de réponse possible suppose qu’ait été élaboré, au préalable, un schéma, ne serait-ce que sous forme d’ébauche, du processus censé conduire le cerveau, de la quai vacuité chez le nouveau-né, à la pleine conscience réflexive chez l’adulte ; le risque étant alors de s’embourber dans une pétition de principe. Il faut bien pourtant amorcer, d’une façon ou d’une autre, la réflexion.

Prenons donc des risques ; partons de l’idée, maintes fois exposée dans le présent BLOG, que la conscience est le résultat d’une auto programmation ; idée qui conduit à regarder l’homme comme  un automate (le mot ne doit pas faire peur) d’un type particulier, puisqu’il serait le siège d’une auto programmation, c’est-à-dire d’une programmation qui échappe à tout dessein ; qui s’organise d’elle-même, en fonction des circonstances vécues par le sujet, sous l’influence des réactions métaboliques de ce dernier ; dans cette perspective il faut admettre que viennent s’inscrire dans le cerveau du sujet, dans ses neurones (sous une forme qui reste à déterminer), non seulement une image du monde telle que ses sensations, son émotivité, en un mot ses réactions métaboliques, lui ont permis de le percevoir, mais encore l’écho persistent des sentiments que la confrontation avec le monde a éveillés en lui. Ainsi la conscience, qui est à la fois conscience de soi (chacun se découvre à travers les sensations qu’il éprouve dans sa rencontre avec ce qui l’entoure) et conscience de son environnement, aussi bien physique que culturel, dans lequel il baigne ; environnement lui-même nimbé de l’ensemble des sensations en quoi consiste la conscience de soi… la conscience humaine, se structure-t-elle sous le contrôle de l’émotivité du sujet, laquelle peut être considérée comme strictement innée. Certes mais le sujet est immergé dans un monde qui le précède toujours, qui s’impose à lui comme un donné… donné qui, effectivement, reste inaccessible en soi (il est difficile de contredire Karl Emmanuel Kant sur ce point de doctrine)  et que le sujet réaménage, inconsciemment bien sûr, sous la forme du phénomène…lequel constitue, à proprement parler, la conscience appréhendée par son contenu ; la conscience qui est, sans aucun doute, toujours, conscience de…mais qu’il faut d’abord, et surtout, voir comme le cadre « mondain », dans lequel vient s’inscrire tout évènement vécu par le sujet ; en d’autres termes, la conscience qui  contient et exprime le monde du sujet. En somme l’inné en l’occurrence se manifesterait comme constituant un mode particulier d’adaptation à l’environnement ; une telle affirmation confine au truisme ; étant particulièrement significative, elle mérite néanmoins d’être examinée par le menu. Il faut, en particulier, bien réaliser que ce qui vient d’être dit signifie que l’intelligence du sujet, sa faculté de comprendre le monde dans lequel il vit, dépend directement des sensations qu’il éprouve à son contact ; l’intelligence plongerait ses racines dans la sensation, dans l’affectivité, dans l’émotivité su sujet. Comprendre ce serait alors ressentir. Pour être encore plus précis on pourrait affirmer qu’au début des temps, à l’origine de tout, de la conscience de soi, comme de la conscience du monde, et donc de l’intelligence, il y a la sensation.  « La belle découverte que voilà » direz-vous ; « d’autres l’ont faite avant vous ; et il y a fort longtemps de cela ». C’est exact, mais ça n’enlève rien à la pertinence de son affirmation ; d’autant plus qu’en l’occurrence elle se trouve solidement confortée par une analyse qui la rend plausible, et qu’elle ne relève donc plus exclusivement d’une simple spéculation, invérifiable par définition… on peut désormais imaginer que soient implantés chez des automates programmés, des processus d’auto programmation, certes simplifiés à l’extrême, mais de nature à générer des réactions identifiables  comme étant des phénomènes de conscience sommaires, ou comme étant assimilables à de tels phénomènes.

Dès lors il devient clair que comprendre en quoi consiste et comment fonctionne une conscience relèvent plus d’une démarche algorithmique que d’une étude minutieuse de la structure du cerveau.

Quoiqu’il en soit, des quelques réflexions qui précèdent, on peut d’ores et déjà conclure que l’homme reçoit en naissant un capital neuro physiologique à l’aide duquel il va pouvoir, vraisemblablement, accéder à l’humanité ; mais que cette promotion ne peut, par la force des choses, être considérée que comme une acquisition : les dispositions à devenir un être humain sont innées chez l’homme ; les caractéristiques qui en feront un être humain sont exclusivement le fruit d’une acquisition, plus ou moins réussie ; cette plus ou moins grande réussite dépendant, pour une large part, mais pas seulement, de l’inné. L’acquis il l’aura puisé dans le monde, dans son entourage proche bien sûr, mais également à l’occasion de tout contact, culturel, professionnel, occasionnel… avec le monde… on exagère, en général l’influence du proche environnement ; il n’est qu’un relai du monde entre mille autres ; certes dans certaines conditions, il peut devenir prépondérant, déterminant, mais ça n’est pas généralement le cas… le poids du monde est considérable, il s’exprime à travers la langue, les institutions, les mœurs, les conventions… il englobe, délimite, borde l’environnement immédiat du sujet, le conditionnant très largement ; l’être humain, bon ou mauvais, n’est qu’une image du monde, plus ou moins fidèle ; l’homme n’est pas un microcosme ; sa conscience est, à proprement parler, le monde ; un exemplaire, plein et entier, du monde. Sans le monde il n’y a pas de conscience et donc d’humanité possible... et si cela est vrai il ne fait aucun doute que si l’inné domine chez l’homme l’acquis seul fait l’être humain           .                 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :