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Une annonce par jour ! Voilà qui tenait de la foire ou du feu d’artifice ; nous savons aujourd’hui que les campagnes présidentielles peuvent aussi s’en inspirer.

Ce n’est pas faire injure au Chef de l’Etat que d’appeler son attention sur le fait que le peuple français est un peuple évolué, politiquement mûr, malgré les apparences.

Il est tout à fait exact que la question se pose de savoir quel peut bien être le degré de maturité politique d’un peuple qui accepte, au vingt-et-unième siècle, après avoir accompli trois révolutions pour se libérer du despotisme (en 1789,1830 et 1848), après avoir montré avec éclat, au mois de mai 1968, qu’il était déterminé à rester maître de son destin… d’un peuple qui accepte d’être gouverné par un monarque élu, par un potentat investi de tous les pouvoirs pendant cinq ans (et cinq années c’est très long !); le chef de l’Etat français décide de tout, aucun domaine ne lui est interdit : finance, économie, social, paix et guerre… Il prend, seul, l’initiative de renforcer le contingent français en Afghanistan, d’engager la flotte et l’aviation en Libye, bien au delà du mandat onusien, de construire, ou de ne pas construire, un porte avion à propulsion nucléaire… C’est vrai, on est tenté de se dire, mais ce peuple est inerte, amorphe, incapable de se gouverner lui-même, inapte à la liberté et à la démocratie. C’était bien ce qu’on se disait des Tunisiens ou des Egyptiens. Certes dans ces pays fleurissaient d’horribles dictatures à durée illimitée. Ce n’est pas le cas en France, la dictature, si dictature il y a,  n’y est pas horrible, elle est contenue par des contrepouvoirs plus ou moins efficaces, et, surtout, elle est limitée dans le temps… c’est une dictature comme celles que les Sénateurs romains, dans l’antiquité, dans des circonstances exceptionnellement graves, décrétaient au profit de l’un d’entre eux, mais à cette restriction de taille près que les pouvoirs exceptionnels n’étaient confiés au dictateur que pour quelques mois ; à Rome c’était une oligarchie qui remettait ainsi son destin entre les mains d’un seul ; dans la France démocratique d’aujourd’hui c’est un peuple, tout entier, qui est appelé à prendre, pour un lustre, une décision analogue. C’est en tout point inouï ! Et force est d’admettre que le peuple français semble s’accommoder de cette constitution, dont il faut ne jamais oublier qu’elle a été adoptée pour être appliquée par un homme, jugé exceptionnel, qui s’était forgé un destin dans des conditions, elles aussi, tout à fait exceptionnelles. On aurait pu penser que cet homme disparu, le peuple français n’aurait qu’une hâte, se débarrasser du carcan d’une constitution anachronique et antidémocratique. Jusqu’à présent il n’en a jamais réellement  exprimé le désir…

Au contraire, tous les politologues, commentateurs, journalistes, tous les hommes politiques eux-mêmes, expliquent à ce peuple, sans soulever la moindre protestation, à longueur d’émissions de radio ou de télévision, d’éditoriaux dans la presse écrite, et de déclarations politiques, que le candidat à la présidentielle française, n’est absolument pas tenu par le programme de son parti, qu’il a le pouvoir d’en changer les priorités, mieux de le compléter… n’est-ce pas précisément ce que le président candidat est en train de faire ? Chaque jour une nouvelle annonce ! Où sont, dans de telles conditions de campagne, les perspectives d’ensemble ? Où est la cohérence d’un programme qu’il distille par bribes quotidiennement ? Y-a-t-il seulement un programme ? Ceux qui demandent au peuple français de leur remettre tous les pouvoirs se considèrent tout naturellement dispensés de faire connaître à l’avance leur programme s’ils en ont un. Ils (certains du moins) se contentent d’occuper le devant de la scène, d’amuser (d’abuser ?) les médias, qui comble de servilité applaudissent l’exercice à tout rompre : « Quelle habileté ! Admirez ! Voyez comme il impose son rythme ».

 Est-il possible que pas un seul l’un d’entre ces observateurs avisés du fait politique ne trouve le courage de hurler :  « Ca suffit ! C’est indécent !» et se tournant vers les Français « Réveillez vous ! Ne voyez-vous pas qu’on se moque de vous ? »

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

 

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