Hénin-Beaumont, la dure réalité

Hénin-Beaumont, sinistre présage ! Marine Le Pen comptabilise en sa faveur plus de quarante pour cent des votes exprimés au premier tour des législatives ; le champion du Front de gauche fait un score deux fois moindre. Ainsi le désespoir, ou l’absence d’espérance, ont, désormais, atteint un tel niveau, dans certaines couches de la population, que celles-ci ne peuvent plus songer qu’à s’en remettre à des solutions extrêmes. L’irrationnel est en passe de triompher. Le discours de la gauche n’est plus audible pour les laissés pour compte de la mondialisation sauvage. Le défi est d’importance pour la gauche qui accède au pouvoir : il lui faut enrayer le processus, désamorcer la machine infernale, non pas simplement stopper le cours des évènements, mais le renverser. La France doit, rapidement, sortir de l’impasse. Les jeux ne sont pas, encore, faits, pour les législatives, mais il devient clair que dès les prochaines élections  municipales, les candidats de  la droite classique vont se trouver confrontés, inéluctablement, à un choix douloureux : sacrifier leur honneur ou perdre leur mandat électoral. 

Le 16 mai 2012 dans un article de ce même blog, intitulé « Hénin Beaumont, l’heure de vérité », on avait exprimé l’espoir que le monde ouvrier saurait déjouer toute tentative de subornation, qu’elle vienne de la droite classique, ou de l’extrême droite. Force est de constater que, une fois de plus, la France laborieuse menace de céder au discours enjôleur, et dévastateur, d’un populisme, dont les accents sont pourtant bien connus, et ne devraient plus tromper personne.

Si Marine Le Pen finissait par l’emporter au second tour des législatives, il faudrait alors admettre que l’avenir s’assombrit, et que le pire est à craindre.

Les hommes auraient-ils donc la mémoire si courte qu’en un peu plus d’un demi-siècle ils aient oublié de combien de misères et de souffrances ils ont dû payer leur adhésion (confiante et enthousiaste) à des idéologies d’extrême droite ?  Il est vrai qu’aujourd’hui le fascisme s’avance masqué. Il s’est, dit-on, dé-diabolisé. Prenons garde, ça n’est qu’une apparence ; les postulats restant les mêmes, les conséquences seraient, vraisemblablement, très proches de ce qu’elles furent naguère ; peut-être moins violentes, mais tout aussi douloureuses.

Il faut espérer que dans un sursaut généreux l’électorat de gauche saura, aujourd’hui, ce dimanche, 17 juin 2012, à Hénin-Beaumont,  résister aux sirènes de malheur du Front National !

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]