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L’Etat n’est pas une chose en soi ; c’est, en quelque sorte, un ensemble de fonctions, quelque chose comme une faculté du corps social, à qui il revient de gérer le bien commun. La prise de conscience qu’il devait exister une instance en charge du bien de la collectivité a été un progrès considérable dans la tumultueuse existence de l’Humanité et, à cet égard, deux problèmes n’ont toujours pas été résolus : 1°) Déterminer quel peut bien être l’organe en droit d’arguer d’une légitimité à exercer les fonctions dévolues à l’état, si une telle légitimité peut être avancée ; 2°) Délimiter les contours précis, s’ils existent, du bien commun dont l’Etat doit assumer la charge. La Nation, au contraire de l’Etat, est quelque chose de déterminé, même si les déterminations susceptibles de lui être appliquées peuvent être multiples et s’il n’y a pas d’accord unanime sur celles qu’il convient de retenir. En simplifiant on peut dire que la Nation est une communauté humaine parlant la même langue et pratiquant les mêmes mœurs. L’Etat Nation est un concept récent. Avant lui on a connu la Cité Etat, puis l’Empire dont l’Etat national est un démembrement. Quand l’Etat et la Nation se sont superposés (ce qui n’a rien d’une fatalité, ni d’une nécessité), on a vu naître et s’enfler un sentiment que je qualifierai de funeste, au risque de choquer et d’être mal compris, le patriotisme, ou chauvinisme national, particulièrement dangereux, parce que pouvant disposer de toute la puissance de l’état. Que l’Etat et la Nation divorcent ne serait pas un mal en soi. Toutefois c’est dans des frontières nationales et sous la vigilance de l’état national que le capitalisme s’est développé et, surtout, qu’il s’est industrialisé, alors que le capitalisme financier, faisant voler en éclat les frontières nationales, s’est, par le fait même, émancipé de la tutelle des Etats. L’économie mondialisée est devenue autonome n’acceptant plus que la seule loi que connaisse l’argent, la loi du profit maximum. L’Etat à l’échelle de la Nation n’est plus qu’un hochet, vidé de toute substance, qui n’a d’autre utilité que de permettre l’encadrement et le contrôle (il faut éviter tout débordement de colère qui pourrait contrarier le processus en cours) des peuples en but aux méfaits de la mondialisation (essentiellement les pays européens).Ce serait nourrir une fatale illusion que de croire (et un crime d’essayer de faire croire) que les états nationaux pourraient reprendre le contrôle de l’économie, pour deux raisons : 1°) La mondialisation a favorisé des économies émergentes (c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait de mieux) démesurées (continentales) avec lesquelles les nations occidentales ne sont plus en mesure de parvenir à un équilibre satisfaisant des échanges ; 2°) Le colossal endettement de l’occident ne pourra plus continuer de croître impunément. Pour se donner une chance de reprendre le contrôle de l’économie l’Etat doit impérativement devenir transnational.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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