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L’UMP vient d’adopter, au cours d’une convention nationale, qualifiée, avec emphase, de « rendez vous du courage », son projet économique et social pour 2012. Et c’est en effet avec une certaine audace que ce projet annonce qu’il faut « franchir une nouvelle étape » vers l’abandon des trente cinq heures. Dans ce but le parti présidentiel se dit déterminé à « inciter à ouvrir des négociations sur le temps de travail », mais, ajoute-t-il, aussitôt, « sans remettre en cause la durée légale du travail de trente cinq heures » ! Bizarre, non ? Ne serions nous pas en pleine contradiction ? Comment faire pour sortir des trente cinq heures… sans en sortir ? Passons ! Voyons en quoi va consister l’incitation à l’ouverture de négociations sur l’organisation du travail : « Dès 2012 », précise le projet, il sera mis en place une : «modulation des exonérations de charges en fonction de l’avancée des négociations ». Mais de quelles exonérations de charges s’agit-il ? Celles dont on bénéficié les entreprises pour passer de trente neuf à trente cinq heures de travail ? On ne maintiendrait le même niveau d’exonérations qu’au profit de celle qui auraient conventionnellement rallongé la durée du travail ? Monstrueusement absurde ! Aussi n’est-ce pas de cela dont il s’agit, puisque de toute façon la durée légale du travail restera fixée à trente cinq heures. Alors de quoi s’agit-il ? La poursuite de la lecture du projet économique et social pour 2012 lève un coin du voile (un tout petit coin, mais qui permet d’entrevoir l’énorme escroquerie qu’on essaie de réaliser à l’« esbroufe »). On y lit que devra être maintenu le régime de l’exonération de charges fiscales et sociales sur les heures supplémentaires, mais que celles-ci seront appréciées : « sur la base de la durée du travail définie dans le cadre de la convention collective ». En d’autres termes, on se propose de faire adopter, par accords de branche, peut-on supposer, puisqu’on nous dit que ces accords devront être actés dans des conventions collectives, une durée « normale » du travail, pour l’ensemble des personnels de la branche, supérieure à la durée « légale » des trente cinq heures, les heures au delà de trente cinq devant être payées en heures supplémentaires, et devant, donc, bénéficier, à ce titre,  des exonérations fiscales et de cotisations sociales (travailler plus pour gagner plus).

En somme l’Etat, libéral au profit des patrons, et dirigiste  au détriment des salariés, se propose de faire prendre en charge une partie des salaires des personnels employés dans les entreprises privée par les contribuables, non plus à l’occasion de l’accomplissement d’heures supplémentaires occasionnelles (ce qui était déjà assez surprenant) mais en baptisant, comme par magie, d’heures supplémentaires, une partie des heures de travail normales, habituelles, du salarié. C’est tellement colossal que ça n’est pas simplement grotesque et risible, mais que ça tourne à la provocation délibérée, insupportable, à la déclaration de guerre.

Finalement, quelle idée se font-ils de ce peuple, en quel mépris le tiennent-ils, ceux qui ont osé construire un tel projet…  et le rendre public, en le revendiquant comme un acte de courage ?

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

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