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Il faut redire ici que la philosophie n’est pas uns science, au sens classique du terme ; elle ne prétend pas approfondir une connaissance inférée à partir de postulats déterminés, et constamment confrontés à la vérification expérimentale ; elle a pour objet la recherche du, ou des postulats premiers, susceptibles, soit de jouer, par eux-mêmes, le rôle de fondement au regard de toutes les sciences de la nature, y compris les sciences humaines (anthropologie, psychologie, sociologie…), soit de faire évoluer la perception des fondements sur la base desquels ces sciences ont été construites.

C’est pourquoi la philosophie est une discipline mouvante, en évolution constante ; aucun des systèmes proposés en son nom ne peut être considéré comme l’étape ultime d’une démarche entreprise dans la nuit des temps (en Occident, il y a vingt cinq siècle) ;  dont on est assuré qu’elle n’aboutira jamais ; et dont on commence, maintenant seulement, à deviner (à vérifier ?) qu’elle explore un chemin, certes tortueux, mais qui semble conduire vers une meilleure appréciation, par l’homme, de sa propre condition, notamment du sens et de la portée de son aptitude à connaître et à comprendre. « Qu’est-ce que connaître ? qu’est-ce que comprendre ? » sont des questions qui comptent au nombre des interrogations essentielles de la philosophie ; la question proprement philosophique demandant tout simplement : en quoi consiste l’« être-humain » ? Comment l’être, dit humain, peut-il satisfaire au désir, ou au devoir, d’être, ou de devenir, ce à quoi l’appelle l’humanité qui est en lui ? De quoi cette humanité est-elle faite ? 

A ce titre, on admettra aisément que l’élaboration de théories visant à déterminer en quoi pourrait bien consister la « conscience de … » ; ce qu’est un phénomène de conscience ; comment se construit une conscience réflexive… doit être considérée comme la démarche philosophique par excellence.

Des axes d’une recherche sur la nature de la conscience ont été posés, sous forme de postulats, dans plusieurs articles du présent blog, en écho aux considérations formulées, à ce sujet, dans l’ouvrage « Le sursaut » signé par l’auteur de ce même blog.

On se propose ici d’analyser comment pourrait être conduite une approche algorithmique de la conscience en vue de faire application de ces postulats, et de tenter de dégager quelques principes quant aux modalités suivant lesquelles la conscience réflexive se construit et comment elle fonctionne, et dysfonctionne.

Rappel des postulats fondamentaux 

1°) Le cerveau animal est un appareil (neurophysiologique) aménagé de telle sorte qu’il produit, des réflexes et des automatismes, et, de surcroît, des phénomènes de conscience, destinés à compléter ces réactions inconscientes, à en prolonger ou en corriger les effets,. On ne veut pas dire que le cerveau aurait été construit à cette fin ; mais, tout simplement, que, la structure qu’il présente aujourd’hui, a traversé le filtre exigent de la sélection naturelle, parce qu’elle permettait, telle quelle, à l’être vivant, à qui elle appartenait, de réagir efficacement à son environnement, de préserver sa propre existence, et d’assurer la pérennité de son espèce. Le cortex supérieur de l’être humain ne fait que rajouter au cerveau animal une puissante capacité à la réflexion. Cette capacité existe, à l’état d’ébauche, chez tous les animaux, mais a pu être dynamisée, chez l’homme, grâce à sa faculté d’user d’un langage. Il faut retenir de cette première prise de position que la conscience ne doit pas être regardée comme  un produit du cerveau, parmi d’autres, mais que la construction des phénomènes de conscience est, tout simplement, le mode normal de fonctionnement du cerveau animal, et, a fortiori, du cerveau humain.

Accessoirement, on admettra, avec Antonio Damasio (professeur portugais de neurologie, neurosciences et psychologie, et auteur, entre autres, de l’ « Erreur de Descartes), parce que cette hypothèse est parfaitement compatible avec le premier postulat qui vient d’être rappelé, que le cerveau est à chaque  fois sollicité dans la totalité de son volume, pour produire les représentations en quoi consiste la « conscience de… », le phénomène de conscience. Pour le dire autrement, la conscience ne serait, nullement, un lieu privilégié du cerveau ; cerveau et conscience seraient superposables.

2°) Le cerveau, cet appareil à produire des phénomènes de conscience, se structure lui-même ; il est auto-programmable. Que veut-on dire par là ?

En parlant d’auto-programmation on veut, d’abord, exprimer l’idée, d’une part, que toute représentation, ou phénomène de conscience (on admettra, une fois pour toutes, que l’expression « représentation consciente » est pléonastique ; il n’est de représentation qu’au niveau du conscient), tout phénomène de présentification, toute image mentale, est le résultat, d’un traitement de données multiples, réalisé automatiquement par le cerveau ; et, d’autre part, que ce traitement est lui-même la mise en œuvre d’une programmation qui s’est enregistrée d’elle-même, dans le cerveau du sujet, à son insu, hors de portée de sa conscience ; programmation dont il faudra se demander si elle est décelable par la conscience, et dans quelle mesure elle peut être amendée consciemment, volontairement. (A suivre)

 

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

 

 

 

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