La déception

Nous avons cru que la France allait se faire un devoir de se démarquer du peu de respect pour la justice dont ont fait preuve les américains dans l’affaire Strauss Kahn et que Monsieur Tron, accusé d’avoir commis des actes sexuels prohibés, serait ménagé, du moins jusqu’à ce que la justice décide, le cas échéant, de le mettre en examen. Nous avons péché par excès d’optimisme : monsieur Tron  s’est, finalement, vu pousser vers la sortie du gouvernement, sans ménagement, avant même que la justice ne  se soit saisie de son dossier. Droit dans ses bottes, comme toujours, monsieur Alain Juppé, notre statue du commandeur nationale, lui a signifié la seule conduite à tenir : se retirer de son plein gré,…  faute de quoi ?! Pouvait-on adopter une tonalité moins aiguë, et moins stridente,  que celle que notre diva de la politique, la tonitruante soprano Marine Lepen, avait cru devoir adopter, aussitôt connue la nouvelle de la possible conduite inconvenante (et hautement condamnable, si elle était avérée) d’un ministre de la République ? Devant la menace d’amalgame gauche/droite dans la réprobation populaire, qui menaçait, selon les plus hautes autorités de l’Etat, le principe de la présomption d’innocence n’a pas pesé lourd ; c’est le principe de précaution contre le risque de contagion qui l’a emporté. Ainsi, une extrême droite honnie, réveillant, sans vergogne, de sinistres souvenirs (que l’immense majorité des français voudraient voir remisés dans les poubelles de l’histoire), est-elle en passe de dicter à la droite sa conduite. Le temps n’est pas éloigné où la France va regretter Jacques Chirac, qui, lui, du moins, n’a jamais toléré le moindre compromis avec ses principes qui lui  aurait été imposé par l’extrême droite.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]