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Qu’est-ce que cela peut bien vouloir signifier ? D. Strauss Kahn vient d’être mis en examen sous un chef d’inculpation que seule une toute petite minorité d’initiés (les quatre magistrats concernés, et peut-être les avocats du présumé coupable, mais certainement pas le dit présumé coupable lui-même) est en mesure de comprendre. En revanche, ce que tout le monde a déjà compris, c’est qu’il s’agit d’un crime, relevant des assises, d’une gravité exceptionnelle, puisque passible de vingt ans de réclusion, et de trois millions d’euros d’amende…  Voilà qui, pour les non initiés, revêt toutes les apparences d’une énorme mystification, pratiquée collectivement, et avec un sérieux inquiétant ? Sans vouloir être offensant pour les magistrats français concernés on ne peut s’empêcher de diagnostiquer, en l’occurrence, probablement par manque d’information,  un accès de délire aggravé en bande organisée.

Est considéré comme proxénète celui qui tire profit de la prostitution, ou qui la favorise. Certes recourir  aux services d’une prostituée, ou d’une escort-girl, c’est essayer d’en tirer un certain plaisir ; peut-on parler de profit pour autant ? Toute personne recourant aux services d’une prostituée sera-t-elle désormais poursuivie pour proxénétisme, sous prétexte qu’en tant que demandeur elle favoriserait l’offre de prostitution, et l’enrichissement d’un proxénète éventuel ? La prostitution fait-elle désormais l’objet d’une prohibition totale en France ?

A longueur de bulletins d’information on nous administre la formule magique  qui semble avoir emporté la conviction unanime des magistrats chargés de l’affaire : « D. Strauss Kahn ne pouvait pas ignorer que les partenaires sexuelles avec lesquelles il se distrayait, étaient payées ! » Et alors ? Elles lui étaient présentées (offertes ?) par des gens qui eux espéraient, à coup sûr, en tirer, à terme, le plus grand profit, et pourraient, eux, vraisemblablement, être poursuivis pour proxénétisme.

Nous avons la chance de vivre dans un pays qui refuse à l’étroitesse d’esprit de s’imposer en souveraine. Aussi loin que remonte le regard que les Français portent sur leur histoire ils y découvrent ouverture d’esprit, et compréhension pour tout ce qui est humain, y compris pour les pires travers de l’espèce humaine ; on n’a pas, qu’on sache, jeté l’opprobre, ni même le discrédit, sur Philippe d’Orléans, le neveu de Louis XIV, le régent, en raison de ses mœurs dissolues ; on n’hésite pas dans les écoles de France à faire son apologie, à relever son intelligence précoce du rôle dynamique que la finance serait appelée, un siècle plus tard, à jouer dans l’économie.

La tournure qu’est en train de prendre l’affaire du Carlton de Lille est incompréhensible pour les Français dans leur grande majorité ; il faut que ceux qui en assument la responsabilité sur le plan judiciaire fournissent rapidement des explications satisfaisantes sur les options qu’ils ont retenues, sous peine de jeter le discrédit sur la justice du pays.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

 

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