Vérité, divinité: deux concepts interchangeables

Les hommes sont en quête, permanente, de vérités éternelles ; tous les dieux qu’ils ont, successivement, adorés, jusqu’au Dieu Unique du Livre, n’ont jamais été que les garants supposés de l’existence de telles vérités… affirmation, prodigieusement lourde, d’un poids écrasant, qui s’élève en faux contre toute postulation qui se prétendrait hors du temps, contre toute divinité qui oserait en attester. Ne pas y voir une protestation d’athéisme ; il ne s’agit que de récuser l’existence d’un dieu, créé à l’image des hommes, originellement compromis par l’inanité des efforts insensés déployés par eux pour déborder largement hors des limites de leur condition… s’il y a un absolu il est manifestement au delà des capacités du cerveau du bipède pensant, ailleurs que dans sa sphère d’intelligibilité. Peut-on accepter de se ranger à cette certitude, l’accès à toute vérité première étant interdit ? N’est-il pas contradictoire d’affirmer que la seule vérité est que la Vérité n’existe pas ? « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, sous le pseudonyme de Louis R. Omert, ose poser cette question, et fournit, je crois, des éléments de réponse satisfaisants. L’enjeu est d’importance, dans une société qui croit avoir aboli toute croyance en un dieu créateur, maître du destin de l’humanité, alors qu’elle continue de s’agripper à l’idée que la science court sur les talons d’une vérité, qui lui échappe provisoirement, mais qu’elle ne désespère pas de rattraper, qu’elle est même en permanence sur le point de le faire, vu qu’elle est en mesure d’exhiber déjà, du moins le pense-t-elle, des lambeaux de tissus qu’elle aurait arrachés à ses vêtements. Cette illusion funeste, les hommes l’ont déjà payée d’un prix exorbitant, et s’il n’est pas mis un terme à cette course frénétique aux basques d’une vérité qui ne peut que se dérober, force est d’admettre que c’est l’existence même de l’humanité qui sera bientôt en jeu (à moins qu’elle ne se joue dès maintenant). Après deux conflits mondiaux, de multiples tentatives d’extermination de peuples entiers, après Tchernobyl et Fukushima, l’épuisement des énergies fossiles, que nous réserve la mondialisation menée à un train d’enfer par des apprentis sorciers… n’est-il pas temps de se demander au nom de quelles vérités (de quelles folies) certains (un tout petit nombre) de nos semblables se croient autorisés à jouer l’avenir de l’humanité à la roulette russe ? « Le sursaut » est une invitation à se mobiliser pour leur retirer tout pouvoir de nuisance.