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Sur un plan macroéconomique, le problème de la retraite ne consiste pas à déterminer s’il faut adosser le processus d’acquisition des droits à la retraite sur un système par répartition ou sur un système par capitalisation ; la vraie question revient à arbitrer entre les revendications, en termes de revenus, des actifs et des retraités, pour fixer la part du Produit Intérieur Brut qu’il convient d’attribuer à chacune de ces deux catégories de ménages ; que l’attribution des droits à la retraite se fasse par répartition ou après capitalisation, le résultat reste globalement le même, il s’agit toujours de répartir la part du revenu national disponible, ou plus exactement la valeur totale de la production nationale de richesse, revenant aux ménages, entre ces deux catégories, en concédant à chacune d’elle la part qui lui a été affectée. Dans l’un et l’autre système, répartition ou capitalisation, la part globale affectée à la catégorie des retraités reste la même, c’est le critère de répartition entre les retraités eux-mêmes qui change ; ceux qui ont eu les moyens d’épargner plus, pendant leur activité, seront mieux traités à la retraite ; inutile de faire un dessin ; tout le monde comprend : la capitalisation avantage les plus favorisés… toujours cette loi barbare, primitive, du plus fort !

Nous sommes censés vivre en démocratie ; les nantis sont en minorité ; on voit mal pour quelle raison les Français décideraient d’adopter un système de retraite s’appuyant sur la capitalisation. La messe est donc dite ; la question ne se pose même pas ; et qu’on ne nous dise pas qu’un régime complémentaire de pension par capitalisation pourrait être ouvert au volontariat ; tout ce qui serait octroyé au titre de la capitalisation, volontariat ou non, à titre principal ou à titre accessoire, viendrait forcément amputer la part globale des revenus affectés aux retraités, et diminuerait d’autant la fraction de ces revenus relevant de la seule répartition.

Sur un plan microéconomique quel que soir le mode de calcul des droits à la retraite, la seule question qui vaille la peine d’être posée, quand on veut comparer les retraites octroyées au titre des différents régimes de retraite (régime général et régimes spéciaux), c’est celle du taux de remplacement.

Peu importe que le montant de la retraite soit calculé sur le salaire perçu au cours de six derniers mois d’activité, ou au cours des dix, ou vingt cinq, dernières années. Si la retraite d’un cadre de direction de la fonction publique de l’administration centrale de l’état, par exemple, est supérieure à celle d’un maçon, ou d’un tourneur fraiseur, tout le monde comprend que ce n’est évidemment pas parce que la première est calculée sur la base du salaire annuel moyen déterminé à partir des six derniers mois de son salaire d’actif, alors que celle du second l’est sur la base du salaire moyen déterminé à partir des salaires qu’il a perçus au cours de ses dix années d’activité les mieux payées… en revanche sait-on que le premier va toucher une retraite qui correspondra à 50% de son dernier salaire alors que le second percevra, retraites complémentaires comprises, 75 à 80 pour cent de son salaire de fin de carrière ?

D’autre part, si la retraite moyenne des fonctionnaire (de l’état, des collectivités locales, et des services hospitaliers) est supérieure à la retraite moyenne servie par le Régime Général, ce n’est pas parce que le mode de calcul des retraites des fonctionnaires serait plus avantageux que celui des retraites des salariés qui cotisent au Régime Général, c’est tout simplement parce que la moyenne des salaires servis dans les différentes fonctions publiques est plus élevée que celle des salaires des cotisants du régime général ; non pas parce que les fonctionnaires seraient des privilégiés, dont les salaires auraient été gonflés artificiellement, mais parce que les fonctionnaires sont recrutés sur concours, lesquels ne sont ouverts qu’aux détenteurs de diplômes, et que la qualification des personnels des fonctions publiques est, en moyenne, et en moyenne seulement, supérieure à celle des salariés qui relèvent du Régime Général de Sécurité Sociale. A qualification égale les salaires des fonctionnaires sont inférieurs aux salaires des agents du privé, et il en va, bien entendu, de même, pour les montants de leurs pensions de retraite.

Pour quelle raison ces petites vérités d’évidence ne sont-elles pas connues de tous, et sont elles contestées par un grand nombre de ceux qui ont le droit à la parole dans ce pays ? Eh bien c’est parce qu’en France nous vivons encore sous un régime politique dicté par une classe dirigeante, une oligarchie, dont les intérêts, et l’idéologie, ne coïncide pas avec celle de la majorité des Français, et que cette élite, qui gouverne, s’ingénie à diviser les Français, à grand renfort d’approximations et de contre-vérités, pour imposer subrepticement, les mesures qui lui conviennent, parce qu’elles satisfont ses intérêts, ou qu’elles sont conformes à l’idéologie qu’elle défend.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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