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Retour en politique ? Retour politique ? Les médias sont dans le doute ; ce dont ils sont sûrs, c’est qu’il y a eu retour de monsieur Sarkozy… sur le devant de la scène ; et comme d’habitude ils s’en servent… et le servent avec une incroyable servilité ; ils ont enfin du brillant, je veux dire du clinquant, à se mettre sous la plume ; quel délice… et ces Français, si bornés en politique, qui vont en redemander.

Eh bien, non, ils n’en redemanderont pas ; en tout cas ils ne seront sûrement pas majoritaires pour le faire.

Voilà un ancien chef d’état dont les comptes de campagne ne sont pas validés par le Conseil Constitutionnel ; décision, extrêmement sévère, qui repose sur le constat, indiscutable, que le financement de cette campagne s’est fait, partiellement, selon des procédés illégaux, qu’on a maquillés en sous évaluant les dépenses réelles engagées au total, pour les limiter au montant du financement légalement justifiable ; décision sévère parce qu’elle va coûter 11 millions d’euros au parti de l’ex président ; mais, de plus et surtout, décision extrêmement grave parce qu’elle fait apparaître la volonté de ce dernier d’accéder au pouvoir au prix de moyens illégitimes ; c’est une atteinte à la dignité de la fonction de Président de la République dont il briguait le renouvellement ; c’est l’affirmation de son profond mépris pour la démocratie ; c’est une profanation des principes républicains.

En refaisant surface, bruyamment, monsieur Sarkozy donne un coût d’arrêt à toute tentative de la droite, de faire le bilan des dix années où elle a exercé le pouvoir, et plus particulièrement des cinq années calamiteuses, de 2007 à 2012, pendant lesquelles elle s’en est remis, pour ce faire, à l’homme providentiel, qui avait déjà sévi pendant cinq ans dans différents postes ministériels, et qui, ni avant son apothéose présidentielle, ni après, n’a jamais rien fait pour protéger l’industrie du pays, rien fait pour restaurer sa productivité ; qui s’est contenté de creuser les déficits publics de façon abyssale ; qui s’est, avec acharnement, employé à jeter le discrédit sur le pouvoir judiciaire ; qui n’a eu de cesse de diviser le pays contre lui-même, stigmatisant les plus démunis, les présentant comme des assistés ; et qui, pour finir, s’efforce, maintenant, de déconsidérer la plus haute instance du pays, le Conseil Constitutionnel, le garant de la rigoureuse application des règles fondamentales de la République, afin de se disculper aux yeux d’une opinion publique, sur la stupidité de laquelle il croit pouvoir spéculer, comme il l’a toujours fait.

Prenant la parole devant un auditoire, évidemment acquis à sa cause, alors qu’il a réussi l’exploit stupéfiant de mettre non seulement l’état français, mais également son propre parti politique, en quasi faillite (faut-il rappeler que François Fillon considérait que l’état français était en faillite dès 2007, et qu’en 2012 la dette publique s’est accrue de 600 nouveaux milliards d’euros !), monsieur Sarkozy a cru pouvoir esquiver toute responsabilité dans ce désastre, et se livrer à un discours de politique générale.

Tout cela est bien dans sa manière, et montre à quel point l’ex président de la République est bétonné dans son irrespect de la chose publique.

Le plus grave reste que ce retour, qu’on le nomme comme on voudra, est une catastrophe pour la droite modérée, pour ce qu’on appelle la droite classique française ; et que cette catastrophe constitue dans le même temps, et c’est encore plus regrettable, un péril redoutable pour le pays… en neutralisant pour plusieurs mois, et peut-être même pour plusieurs années, l’UMP, le retour spectaculaire de l’homme providentiel a pour première conséquence de livrer le champ du politique à la surenchère du Front National.

Si la droite républicaine ne se livre pas à une autocritique ; si elle se montre incapable de parler d’une seule voix, incapable de construire un programme de gouvernement, il faut craindre que son électorat traditionnel, dont une large part est foncièrement, viscéralement, opposée aux forces de gauche, se considère comme orphelin des forces politiques auxquelles il s’en remettait jusque là, et justifié à se rapprocher des rangs de la droite extrême… propension qui ne manquera pas de gagner les cadres locaux et nationaux de l’UMP, par contagion.

Après avoir joué, irrespectueusement, avec les institutions de la nation française, voilà que monsieur Sarkozy, tel un enfant capricieux, se met à piétiner les débris du parti politique qu’il a créé… si rien n’est fait pour le dissuader de revenir, effectivement, en politique, et cela le plus rapidement possible, on peut craindre que sous peu la France ne détienne le record, peu enviable, du pays où les forces réactionnaires réaliseront le score électoral le plus fort d’Europe

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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