Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les Français (vous savez, ce "vulgum pecus" ; la foule informe qui serait « tout », si l’on en croit les textes constitutionnels, mais qui, dans l’esprit de l’élite, et dans les faits, n’est pas grand-chose ; tout juste une machine à renouveler les mandats publics ; une machine qu’il faut bien ménager, le cas échéant abuser, en tant que telle)… les Français… sont favorables à l’idée d’inscrire dans la constitution les conditions dans lesquelles l’état d’urgence peut, ou doit, être proclamé ; il s’agit, en effet, d’une mesure d’exception, qui limite les libertés publiques et suspend le jeu normal, et équilibré, des institutions, transférant à l’administration une partie des attributions qui relèvent normalement du pouvoir judiciaire ; ce dernier, garant des libertés publiques, se voit, en particulier, dessaisi de sa faculté d’intervenir a priori dans certains domaines relevant de sa compétence ; il voit son pouvoir d’intervention réduit à un simple pouvoir de contrôle a posteriori ; l’état d’urgence reste bien sûr un état de droit, mais dans lequel la possibilité de se défendre contre toute atteinte aux libertés individuelles cède la place au droit d’obtenir réparation en cas d’atteinte injustifiée à ces mêmes libertés.

Les Français sont un peuple libre, qui a acquis chèrement le droit d’être libre, et qui, bien naturellement, entend que toute limitation des libertés publiques ne puisse intervenir que dans des cas très précis, dans des limites prescrites par un encadrement juridique stricte ; rien d’étonnant à ce que, par conséquent, ils souhaitent que le régime de l’état d’urgence fasse l’objet de dispositions constitutionnelles, à l’instar des régimes des états de siège ou de guerre ; seul moyen de garantir que toute pose éventuelle dans l’exercice des libertés publiques ne soit pas soumise aux caprices du temps, ou plus précisément de la loi ; qu’elle ne dépende pas de la seule volonté d’une majorité de circonstance au parlement ; mais qu’il faille, soit recourir au referendum, soit réunir une majorité élargie au sein des deux chambres siégeant en congrès, pour en changer les conditions d’application et les modalités de contrôle par le parlement et le pouvoir judiciaire.

Ce qui est étonnant ce n’est certainement pas que le Président de la République veuille soumettre l’état d’urgence à de solides garanties constitutionnelles, c’est qu’on ait mis si longtemps pour comprendre qu’il ne pouvait en être autrement.

Les Français sont encore dans leur grande majorité d’accord pour que les actes en rapport avec le terrorisme, qu’il s’agisse de crimes ou de délits, puissent donner lieu à une déchéance de la nationalité française pour les coupables. Ils considèrent qu’il y a une incompatibilité totale entre le droit (qui comporte d’ailleurs une importante cohorte de devoirs) de revendiquer la nationalité française et le fait, tout simplement monstrueux, de s’employer, de près ou de loin, à donner la mort à des êtres humains, pour la seule et unique raison qu’ils sont français. Il faut le dire sans ambages : s’insurger contre la volonté populaire dans ce domaine, quel que soit le motif invoqué, juridique ou philosophique (si la démarche est sincère), est incompréhensible (on pourrait, on devrait même, exprimer ici un jugement plus catégorique et plus sévère).

Non ! Derrière toutes les oppositions à la réforme constitutionnelle proposée par le Président de la République (état d’urgence et déchéance de nationalité) se cache un calcul politique inavoué, parce qu’inavouable : les Français ne comprendraient pas que la classe politique refuse de faire corps sur un sujet aussi important que la lutte contre le terrorisme aveugle des islamistes, et exploite les circonstances dans le seul but de mettre en difficulté le gouvernement. Or il est clair qu’à la gauche de la gauche (à l’exclusion toutefois de J. L. Mélenchon) on désire, avant tout, décrédibiliser François Hollande, qu’on soupçonne de vouloir se présenter en 2017 pour un second mandat, et le mettre en situation de devoir accepter une primaire (on se sait ultra minoritaire, mais avec tout le tapage qu’orchestrent les médias à l’occasion de la moindre prise de parole d’un frondeur quelconque, qui sait ? Un miracle est toujours possible ; lequel pourrait se concrétiser à l’occasion d’une primaire à gauche). A droite la primaire bat déjà son plein ; les ténors veulent se distinguer les uns des autres, surtout ceux qui ont une voix de fluet, et qui veulent néanmoins la faire entendre, comme François Fillon, pour ne citer que lui, qui soudain réalise que la déchéance de nationalité est une occasion en or pour se distinguer de ses rivaux. Quant à J. L. Mélenchon il est depuis toujours contre tout ce qu’entreprend François Hollande ; aucune surprise à le voir s’enflammer contre la déchéance de nationalité ; son emportement, sa passion dévorante qui le pousse à souhaiter l’anéantissement de ce parti socialiste dont il est un transfuge, sont tels qu’il est déjà reparti en campagne pour la présidentielle ; se déclarant officiellement candidat ; ruinant tout espoir pour la gauche de la gauche d’obtenir un score décent en 2017 ; animé par le seul et ardent désir de nuire à François Hollande et à ces socialistes qu’il vomit.

Mais tout cela vous le savez puisque les médias ne parlent de rien d’autre que des déclarations, prises de position, et décisions de ce petit lot d’excités en mal de popularité. Heureusement le clan du silence est majoritaire ; nul doute qu’il saura se faire entendre pour manifester qu’il a compris la volonté du peuple ; et qu’il entend y donner satisfaction en votant la réforme constitutionnelle, et en manifestant par là sa volonté d’affirmer son soutien à la volonté du président (qui quoiqu’on dise n’est pas, lui, en campagne et, pire même, pourrait bien ne pas se représenter) de rassembler aussi largement que possible la nation dans la lutte contre le terrorisme.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :