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Bruno Lemaire était, jeudi dernier, l’invité du magazine de France 2, intitulé « L’émission politique », présenté par David Pujadas et Léa Salamé. Il faut espérer que l’audience de cette émission a été très large ; le spectacle fut du plus haut intérêt.

Les spectateurs ont découvert un homme très motivé, convaincu d’être parvenu à un degré de vérité qui lui permettrait, s’il était élu Président de la République, d’appliquer par ordonnances, sans aucune autre formalité, la totalité de son programme au cours des quatre-vingt dix premiers jours de son mandat.

Or son programme tient en un document de plus de mille pages au format vingt-et-un vingt-neuf sept. Tiens, première surprise ! se pourrait-il que monsieur Lemaire pense que les électeurs vont lire cet énorme pavé ? Ce programme, d’après ce que les présentateurs et animateurs de l’émission nous en ont dit, s’attarderait sur le plus infime détail : on y traiterait par exemple de la réintroduction du loup dans le massif alpin ; est-ce vraiment ce type de considération que les Français attendent de celui qui se pose en candidat à la magistrature suprême ?

Pour ce qui est de l’économique et du social, en revanche, pas de surprise. C’est le programme de toute la droite, en pire : retraite à 65 ans (c’est plus sévère que les mesures préconisées en l’occurrence par les six autres candidats à la primaire de la droite et du centre); suppression immédiate des régimes spéciaux ; indemnités de chômage dégressives (« surtout sans attendre que la croissance reprenne et que le chômage diminue » a précisé le candidat, soucieux de se démarquer de la trop grande modération du maire de Bordeaux ; et sûr du bon effet que cette « courageuse » rigueur produirait… sur les électeurs de droite en attente de plus d’autorité et de détermination ; substitution d’une prestation unique aux avantages sociaux tels que RSA, indemnité de fin de droit, … etc. (Faut-il le préciser ? La nouvelle prestation de substitution assurerait une couverture des risques sociaux concernés inférieures à celle garantie par les prestations en vigueur actuellement) ; suppression du SMIC pour les bénéficiaires de l’avantage social précité (un salaire de cinq cents euros au plus serait cumulable avec cette prestation… les entrepreneurs n’en durent pas croire leurs oreilles : une aubaine !) ; suppression de 500.000 emplois publics : dont 280.000 emplois publics aidés et 220.000 emplois de fonctionnaires ; suppression du statut de fonctionnaire pour les nouveaux recrutements des collectivités territoriales… et tout à l’avenant ; Droit dans ses élégantes chaussures ; et le tout exposé avec un sourire de premier communiant.

A la question de savoir s’il ne craignait pas que toutes ces mesures, très lourdes pour une large partie de la population, ne se soldent par une importante grogne sociale, Bruno Lemaire fait la même réponse qu’Alain Juppé : « Tout aura été annoncé avant l’élection ; les règles de la démocratie devront donc s’appliquer sereinement ! »)… Seconde surprise, et de taille : à droite, du plus jeune (Bruno Lemaire) au plus âgé (Alain Jupé), on en est encore à interpréter le droit constitutionnel français avec une compréhension de la loi suprême qui dicte l’organisation de l’état (la constitution de 1958), ne dépassant pas celle d’un étudiant de seconde année de licence en droit des années soixante du siècle dernier, plus féru de bandes dessinées que de droit public.

Le résultat d’un sondage réalisé pendant le cours de l’émission fit apparaître, sans surprise, que près de deux électeurs sur trois se revendiquant de la droite et du centre considéraient, après avoir suivi sa prestation télévisée, que Bruno Lemaire réunissait les qualités requises pour présider aux destinées de Etat… ainsi s’affirmait dans les chiffres l’aveuglement irrémédiable (et sa condamnation à s’effacer, à plus ou moins brève échéance, pourquoi pas dès 2017) de la droite de gouvernement et de ses partisans.

 

  

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