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Il n’y a pas de lois, analogues aux lois de la nature, qui commanderaient au cours des affaires humaines ; mais on constate qu’à certains moments se produisent comme des appels d’air, violents, irrésistibles, qui aspirent et précipitent les sociétés dans des voies déterminées ; chemins qui, peut-être, ne mènent nulle part, selon la formule De Heidegger, mais que les hommes seraient bien en peine de refuser d’emprunter. Quand de tels phénomènes se produisent qui propulsent la communauté des hommes, tel un fleuve tumultueux, loin, hors de leurs douillettes habitudes, et qui peuvent aller jusqu’à donner naissance à des civilisations nouvelles, la sagesse commande de ne pas s’acharner à s’opposer au courant dominant, ce serait peine perdue ; mais tout au contraire de se laisser porter par le flot, tout en esquivant les récifs, et en veillant à rester à distance des berges sur lesquels le risque de s’échouer menace constamment.

La renaissance a été un de ses moments ; une vague impétueuse a alors transporté, en près de trois siècles tumultueux, les sociétés occidentales, de la solennelle, et hiératique, immobilité culturelle d’un Moyen-Age illuminé par le platonisme, jusqu’au temps modernes, d’inspiration aristotélicienne, d’où ont jaillies « Les Lumières ». La mondialisation est un autre de ces moments où un vent qui souffle en bourrasque est en train de balayer, en quelques décennies, nos sociétés ; brisant toutes les barrières ; faisant sauter tous les verrous ; renvoyant les nations dans leurs sombres tanières d’où, on le réalise maintenant après tant et tant de leurs méfaits, on n’aurait jamais dû les laisser s’enfuir.

Le socialisme n’est pas un projet de société ; pas plus que ne l’est la cité de Dieu de saint Augustin ; ce sont des modes d’être, des façons d’aborder la réalité, quelle qu’elle soit, comme elle veut bien se présenter ; le socialisme c’est une conception de l’homme ; une anthropologie philosophique ; c’est le constat que l’espèce doit prévaloir sur l’individu ; que ce dernier ne peut devenir sujet de droits que par l’intercession du collectif ; que la culture précède toute individualité ; qu’elle la transcende dans l’immanence ; que l’individu n’a d’autre accès à l’humanité que celui que peut, que devrait, lui offrir le monde ; que l’individu est bien la finalité ultime, mais que cette fin n’est offerte qu’à travers le monde et par le monde ; que l’individu n’est rien, ou plutôt n’est qu’un animal, sans le monde ; que sa conscience elle-même lui est offerte par le monde ; qu’elle n’a aucune existence par elle-même. De cette totale dépendance de l’individu à l’égard du monde doivent s’ensuivre d’inéluctables conséquences.

La mondialisation, c’est le monde en marche ; le socialisme ne peut pas, ne doit pas avoir pour ambition de s’en émanciper, encore moins de la contrarier ; il doit s’en accommoder tout en agissant diligemment pour l’humaniser, pour en répartir équitablement les bienfaits, pour en éviter les méfaits : préserver les plus démunis face à l’innovation ; atténuer, et si possible, effacer, les conséquences dramatiques subies par ceux qui s’en trouveraient marginalisés.

Que propose Mélenchon pour se mettre à l’abri du cours tumultueux de la mondialisation ? Le repli sur l’hexagone ; la protection de la production nationale… ce qui revient à regagner (si faire se peut !) la rive, et attendre que l’orage passe ; après la pluie le beau temps, certes, mais ceux qui auront refusé d’affronter les éléments seront distancés pour longtemps et dans l’impossibilité de rejoindre le peloton de tête des économies qui auront survécu aux intempéries. La Russie des soviets s’y est essayé : la Russie de Poutine est aujourd’hui en situation de quasi sous-développement.

Hamon, lui, propose tout et son contraire ; quand le vainqueur de la primaire de la Belle Alliance propose de taxer les robots, savoir les outils grâce auxquels l’Europe a une chance de sauver son économie de la concurrence furieuse que lui opposent les pays dits émergents, il condamne à titre définitif l’économie française, et partant ceux qu’il souhaite défendre en priorité, les plus démunis ; quand il préconise d’instaurer un revenu universel il fait un cadeau monumental au secteur financier ; il fait financer par l’impôt la baisse compétitive des salaires, au seul profit des possédants ; il joue une fois de plus contre son camp. Mais n’est-ce pas ce qu’il a fait en rejoignant les frondeurs et en mettant en grande difficulté le gouvernement socialiste dont la France s’était dotée en 2012.

Les voies préconisées par Hamon et Mélenchon sont sans issue ; elles sont suicidaires… et ce n’est pas une mince surprise que de devoir constater que dans le peuple qui a la réputation d’être le plus intelligent du monde, il se trouve 25 pour cent des électeurs qui, tels les moutons de Panurge, se déclarent prêts à les suivre.

Comment se dire socialiste désormais si on n’a pas compris qu’on ne change pas le monde à sa guise ; qu’on peut, tout au plus, essayer de s’y ménager la meilleure place possible ? Le monde d’aujourd’hui est façonné par un progrès technologique démesuré ; dont on n’a pas épuisé toutes les implications du point de vue de l’organisation de l’économie. Les socialistes ne doivent rien entreprendre qui pourrait compromettre le rétablissement de la compétitivité de l’économie nationale ; ils doivent par ailleurs s’ingénier à faire adopter par tous, les moyens d’en répartir équitablement les profits : on ne peut dire plus clairement que sa première préoccupation doit être l’entreprise parce c’est par elle que transite l’enrichissement potentiel de tout un chacun ; sa seconde préoccupation doit consister à inscrire dans les faits cette potentialité. Le destin de la France se joue au sein de l’entreprise ; l’entreprise doit donc être le terrain d’action du socialisme ; c’est là que tout se joue.       

 

 

  

 

 

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