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Le premier débat en vue de la future présidentielle a eu lieu ; ils réunissait « les cinq grands », comme disent les médias, sans doute par euphémisme, en parlant de madame Le Pen et de messieurs Fillon, Hamon, Macron et Mélenchon ; savoir, cinq des onze candidats (que l’on qualifie de grands en raison de l’importance des scores qu’ils recueillent dans les sondages et certainement pas pour la cohérence et la pertinence de leurs programmes ; peut-être aussi parce que les autres candidats sont, de ces deux mêmes points de vue, tous les six,  minuscules, infinitésimaux, et, pour certains, aux frontières du visible). Le spectateur, sans préjugé ni parti-pris, aura pu réaliser à quel point, finalement, malgré le grand nombre de candidats, le choix entre des possibles est limité, pour qui s’attache à mesurer l’intérêt d’un candidat à la probabilité que le programme qu’il développe puisse trouver au parlement une majorité capable de le rendre applicable, et à l’absence de risque que ce programme, s’il était appliqué, ne se solde par un désastre pour la France et les Français.

Pour se limiter aux cinq, dits grands, qui ont participé au débat ; en procédant du plus improbable au moins risqué, même si la probabilité de ce dernier est loin d’être établie à ce jour, on classera d’abord Jean-Luc Mélenchon.

Vous aurez constaté, et vous aurez regretté, si vous disposez d’un minimum de bon sens, que les médias ne tarissent pas d’éloges sur l’aisance de cet orateur de talent, son esprit d’à-propos, son sens de l’humour, comme si le débat organisé par TF1 était un concours de rhétorique. Si c’en était un, alors monsieur Mélenchon pourrait, en effet, et de loin, être consacré meilleur sophiste du lot ; inégalé en habileté à débiter des énormités avec un aplomb, une virtuosité dans le verbe, qui font que l’objet du propos disparait sous le chatoiement de l’expression qui l’enveloppe comme un voile : lyrisme dérisoire, envolées généreuses, à propos de la misère, réelle, d’une large partie de la population française ; mais appuyés de propositions les unes plus stupides que les autres pour y remédier ; stupides et, à la fois, extrêmement dangereuses, plus particulièrement pour ceux à qui elles prétendent apporter du bien-être. C’est du vieux communisme remâché ; déjà mille fois contredit par les faits ; Mélenchon se prend pour Jésus Christ quand il décrit la misère du monde et pour Lénine quand il veut y porter remède (deux attitudes qui déjà en soi sont incompatibles) ; tout cela nous renvoie aux deux premières décennies du vingtième siècle… et recueille néanmoins entre dix et quinze pour cents de suffrages favorables dans les sondages… ce qui ne prouve rien d’autre que la réalité de la misère que cet orateur de talent dénonce. Sans compter que sur le plan international les vues de monsieur Mélenchon sont ou franchement naïves ou terriblement niaises ; je ne choisirais pas entre ces deux explications : l’une comme l’autre feraient  courir exactement les mêmes périls au pays ; monsieur Mélenchon, qui pourtant, par ailleurs, donne généreusement la preuve de son érudition, ferait bien de se souvenir de Chamberlain et des accords de Munich, quand il invite les puissances occidentales à négocier avec Poutine, pendant que ce dernier fait progresser ses chars hors des frontières de la Russie ; pour éliminer l’Etat Islamique, il cite en exemple l’accord passé entre les démocraties occidentales et la Russie des soviets, qui a en effet permis de venir à bout du nazisme ; mais il oublie que la chute du nazisme, dans les conditions évoquées qu’il considère comme exemplaires, et qu’il voudrait voir se renouveler à l’occasion du conflit syrien, s’est soldée par quarante-quatre années de guerre froide, et autant d’une tyrannie inhumaine imposée à de nombreux peuples d’Europe centrale ; sans doute ses sympathies pour le communisme politique lui interdisent-elles de tenir compte des horreurs qui ont fait suite, en Europe, à la déconfiture apocalyptique du nazisme.

Surtout, il jette l’anathème sur tous ceux qui auraient l’audace de ne pas penser comme lui ; il entend prendre le pouvoir au nom des seuls principes qu’il défend et sur lesquels il prétend ne céder en rien ; c’est faire preuve d’un sens de la démocratie qui aurait peut-être pu convenir à l’époque où les hommes cohabitaient avec les mammouths ; ces mœurs politiques, anachroniques, sont, heureusement, aujourd’hui en voie d’extinction ; et le fait qu’il invite les Français à renouer avec elles suffirait amplement, à lui seul, à le disqualifier sans appel.

Autre candidat (il s’agit d’une candidate) dont le succès est au moins aussi improbable que celui de leader du Parti de Gauche : Marine Le Pen. Alors que le monde est enfin en train de s’ouvrir, que les hommes découvrent qu’ils appartiennent à une même espèce, que leurs horizons s’élargissent, que les frontières nationales s’effondrent, elle prêche le repli sur l’hexagone, le rejet de l’étranger ; elle conçoit le progrès de la nation comme un processus autonome, en circuit fermé ; elle a la mémoire courte et regarde comme un paradis perdu le concert des nations tel qu’il a sévi, dans les années trente du siècle dernier, en réponse à la grande crise qui avait débuté un vendredi noir de 1929, et d’où ont émergé le fascisme, le nazisme le franquisme et, à leur suite, pour le plus grand malheur de la France, le vichysme. Elle draine, néanmoins, derrière elle, avec ses idées d’un autre temps, et qui ont fait du vingtième siècle l’époque de loin la plus tragique que la communauté des hommes ait eu à vivre, un bon quart de l’électorat : un français sur quatre (c’est donc une maladie contagieuse) a la mémoire courte, ou n’a mémoire de rien. L’histoire parait-il ne bégaye jamais ; heureusement ! le Front national est destiné à rejoindre les monstres qui encombrent les poubelles de l’histoire ; le plus tôt sera le mieux.

Voué, lui aussi, à un échec cuisant, le gentil Benoît, qui voulait tellement renouveler le socialisme français, qui a tant fait pour entraver l’action du Chef de l’Etat, mais qui a oublié que la majorité du Parti Socialiste ne partageait pas ses conceptions ; qui se faisait fort de fédérer la gauche de la gauche, parce qu’il ignore encore que les hommes ne partagent que très rarement les mêmes rêves. Il va nécessairement être rattrapé par la réalité ; fera un score inférieur à celui de Mélenchon au premier tour de la présidentielle et devra, tout penaud, soit rentrer dans les rangs, soit adhérer au Parti de Gauche, pour y connaître les délices du combat politique gratuit, désintéressé, sans perspectives gouvernementales… il pourra, du moins, tout à son aise, continuer à prêcher, avec conviction, dans le désert.

Voué à une déconfiture certaine, le leader dont la droite n’a pas su se délester ; dont elle a été dans l’incapacité d’assurer la relève, alors que celle-ci s’imposait. A droite comme à gauche les primaires ont consacré les extrêmes dont une large majorité de Français se défie à juste titre. Déconsidéré, à tort ou à raison, pour des pratiques qui tout en n’étant vraisemblablement pas illégales, ont paru indécentes, François Fillon, en se cramponnant à sa candidature, va donner à la droite, comme Hamon pour les socialistes, l’occasion d’une nécessaire recomposition. Ainsi pourra surgir, dans les deux cas, un bien pour un mal.

Alors, Emmanuel Macron devient un recours, par la force des choses et malgré qu’on en ait. Sans scrupule, il n’a pas hésité à poignardé dans le dos son mentor, celui qui l’avait sorti de l’ombre ; il ose s’en prendre au système dont il est un produit typique ; il dénonce les partis politiques, mais sera bien en peine de gouverner sans eux ; il affirme vouloir substituer aux partis un rassemblement ; on voit mal en quoi partis et rassemblement seraient incompatibles ; le grand Charles De Gaulle pouvait, sans sombrer sous le ridicule, faire mine de se passer des partis ; en réalité, après avoir tenté, en vain, de créer son propre parti, qui aurait eu pour mission un total dévouement à sa personne (n’y voir aucune marque d’orgueil ; il était la France !!!!), il dut se résigner à gouverner grâce à eux, et à travers eux ; c’est bien évidemment ce que devra faire monsieur Macron. Il va falloir voter pour lui, la mort dans l’âme ; en espérant que dès l’entre-deux-tours de la présidentielle le Parti-Socialiste aura pu se ressaisir ; que le faux pas qu’il a fait à la primaire ne l’entrainera pas dans une chute dont il aurait le plus grad mal à se relever. Les masques devront tomber ; chacun devra choisir son camp ; nul doute que le bon sens triomphera, et que ceux qui ont constitué les majorités sur lesquelles François Hollande a pu s’appuyer pendant son quinquennat, reprendront le contrôle de ce grand vieux et vénérable parti de gouvernement.

Tout porte donc à croire que la France s’achemine, bon gré mal gré, vers un gouvernement de large coalition auquel participeront vraisemblablement la gauche classique, les centres et cette partie de la droite qui se reconnaissait en la personne du Maire de Bordeaux… et c’est finalement la meilleure chose qui pourrait arriver  

    

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