Du pathétique en politique

Une minorité d’électeurs a réussi, de façon parfaitement légale, à imposer à la France, une équipe gouvernementale qui, par ses déclarations, ses proclamations et ses actes, se manifeste comme étant le produit d’une idéologie totalement marginale par rapport à celle que cultive la majorité des Français ; une idéologie de droite, cramponnée à des valeurs du passé, soucieuse de hiérarchie, convaincue de détenir une vérité absolue, méprisante de ceux qui ne la partagent pas ; ne fondant tout espoir d’un avenir meilleur pour le pays que sur l’accentuation des écarts de fortunes, pourtant déjà  tellement sévères… aussi s’accorde-t-on déjà à considérer que la parole jupitérienne, qui avait été annoncée comme devant rétablir la concorde entre les citoyens, et la paix civile, ne fait qu’attiser les rancunes ; sans compter qu’elle s’accommode mal d’une voix de fosset débitant des outrances sur fond de Parthénon.

Avec la pseudo majorité qui siège au palais Bourbon c’est le triomphe de l’incohérence ; la moitié de ses membres se disent ni ne droite ni de gauche ; ils ne disent pas faux ; en réalité ils sont de nulle part ; ils viennent d’un monde où l’on ignore en quoi consiste la politique ; quelles en peuvent être les ambitions ; par quelles méthodes on les peut satisfaire. Parce qu’ils sont novices en politique, et donc forcément non coupables (ou pas encore coupables ?) dans ce domaine, ils se croient, et leurs électeurs partagent ce crédo, plus aptes à légiférer dans le bon sens pour le bien du pays ; en fait ils votent, comme un seul homme, tous les textes mal ficelés que leur présente l’exécutif ; ils ne sont pas là pour penser ; on (le chef charismatique) a penser pour eux ; ils sont là pour permettre à ce dernier d de donner libre cours à son génie, d’en distribuer les bienfaits, à foison, et sans la moindre entrave ; ce qu’il fait sans la moindre gène apparente.

Du côté de l’opposition, du moins celle qui est reconnue par les médias (ce pouvoir, dit hors contrôle - liberté de l’information oblige -, prétendument livré à une généreuse improvisation impartiale par définition, en réalité parfaitement contrôlé par les puissances d’argent), comme fondée à être regardée comme telle ; du côté, donc, des Insoumis et du Front National, l’opposition officielle, c’est encore bien pire ; de cet excès, d’ailleurs, procède leur légitimité à constituer l’opposition au pouvoir ; quel Français, doué d’un minimum de bon sens, pourrait souhaiter les voir, aussi bien les uns que l’autre, se substituer au pouvoir en place, même si ce dernier est, à ses yeux, manifestement scélérat ?

L’outrance est partout dans un pays qui s’enorgueillit, à juste titre, de cultiver la mesure, et de savoir raison garder en toutes circonstances : les instances politiques qui ont été investies du pouvoir d’état, en mai/juin 2017, ne sont pas à la mesure du pays et de son histoire. Les abstentionnistes, qui ont permis à ces farceurs grotesques de s’installer dans les prestigieux palais de la République et d’occuper les sièges de personnages qui, sans avoir jamais prétendu s’inspirer de l’Olympe, ont été jugés dignes de reposer au Panthéon, portent une lourde responsabilité… à moins qu’il faille incriminer nos institutions ? Elles sont archaïques ; ne répondent plus aux aspirations d’un peuple civilisé qui, quoiqu’en dise l’oligarchie, au pouvoir depuis trop longtemps, n’est pas dans l’attente d’un guide, mais souhaite ardemment qu’on lui donne les moyens de prendre en main, lui-même, ses propres affaires… le moteur de la démocratie s’est encalminé. ; il ne fonctionne plus pour autant qu’il ait jamais fonctionné. Le spectacle qu’offre la scène politique française est pathétique.