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L’article précédent, traitant du même sujet, avait pour modeste ambition de suggérer (d’essayer de faire toucher du doigt, si on veut bien m’autoriser cette expression), ce que pourrait être une méthode susceptible de permettre d’approcher, avec quelque chance d’en élucider les principes directeurs, et non les modalités pratiques, le mode opératoire du cerveau.

De la même façon qu’on ignore tout de ce en quoi peut bien consister le champ de force qu’on qualifie de gravitation, mais qu’on n’en est pas moins capable de le mettre à profit pour déterminer avec précision l’énergie qu’il faut communiquer à un objet pour qu’il s’arrache à l’attraction terrestre, et, toujours en utilisant ce même champ de force, qu’il parvienne à se frayer un chemin jusqu’au but qui lui a été assigné, à l’intérieur du système solaire, de la même façon on doit pouvoir, tout en ignorant le détail des mécanismes neurophysiologiques et des processus chimiques qui leur donnent vie,  parvenir à comprendre (à partir de leurs effets constatés, et en établissant, par analogie avec ce qui se pratique dans le domaine de l’informatique, des cheminements algorithmiques habiles à en rendre compte) comment utiliser, au mieux, le phénomène de conscience et, d’une façon générale, la pensée ; comment en corriger les désordres ; et, pourquoi pas, comment les mettre, enfin, au service exclusif de l’humanité, qui habite l’homme… du moins selon ce qu’on s’accorde, en général, à penser.

Avant d’en venir à tenter d’y voir un peu plus clair concernant les implications philosophiques de la conception de la conscience, telle qu’elle est ici exposée, à gros traits, sous forme, tout au plus, de croquis, ou d’ébauche, continuons ce tour d’horizon de la méthode préconisée pour entrouvrir le voile opaque derrière lequel se cache, depuis toujours (depuis qu’homo sapiens/sapiens s’est, pour la toute première fois, rendu compte que la réflexion lui permettait de s’extraire du contact immédiat de la réalité, et de s’émanciper de l’état d’urgence qu’imposait, en permanence, à sa vie, un contact avec le réel sans le moindre recul ; qu’ainsi, accessoirement, lui était offerte la possibilité d’élaborer des projets,…), la faculté, extraordinaire, de réfléchir, dont dispose le  cerveau humain, (sans, pour autant, préjuger, ici, de ce qui fit que, enfin, elle pût se développer).

Nous avons vu que, quand il fonctionne en mode, que nous avons qualifié de, réactif, c’est-à-dire en mode purement instinctif (le sujet restant passif), le cerveau recueille de l’information brute, par l’intermédiaire de ses périphériques (les cinq sens et le sens interne), et qu’il enrichit cette information en la documentant à l’aide des données, précédemment, traitées sous forme de phénomènes de conscience remplissant les conditions pour être pérennisées et, donc, stockées. Nous avons également vu qu’on pouvait concevoir la prise de conscience comme le résultat de l’activité d’une arborescence terminale émergeant, en quelque sorte, aux frontières de la galaxie des données enregistrées dans le cerveau, après avoir été enrichie par celles de ces données jugées susceptibles d’en expliciter le contenu. On propose de se représenter le cerveau comme un liquide en ébullition, les bulles venant éclore à sa surface simulant l’activité consciente.

Qu’est-ce qui, dans ces conditions, pourrait susciter le sentiment, que le sujet éprouve comme une évidence, qu’il a le pouvoir, à tout moment, de prendre, le contrôle de son cerveau, plus exactement de sa conscience, et de lui assigner le thème de la réflexion de son choix, qu’est-ce qui fait qu’on a pu très longtemps assimiler la conscience à la scène d’un théâtre livrée à la fantaisie créatrice du sujet, dit, à ce titre, pensant ( étant entendu que penser passait, alors, pour une action, et non pour une passion… et qu’il convient de comprendre que l’auteur, ou plutôt le compilateur, des quelques lignes que vous lisez, en ce moment s’efforce de vous faire découvrir que le phénomène de conscience est un phénomène purement passif… que vous partagiez, ou non, ce point de vue, vous devrez admettre que l’enjeu du débat est d’une importance considérable).

Première observation : si le sujet est supposé avoir la faculté de choisir le thème de sa réflexion, c’est qu’on l’imagine disposant d’une base de données a priori, génétiquement ou métaphysiquement transmissible. L’enfant à la naissance, avant de disposer des premiers rudiments de la parole aurait en réserve, pour l’utiliser quand il disposerait, enfin, des moyens de se l’approprier, un capital de données prêtes à alimenter sa réflexion ?… Absurde ! Les neurones produiraient de la pensée ab nihilo ?… Encore bien plus absurde ! Ce qui est évident ,et incontestable, c’est que la réflexion ne peut porter que sur des données inscrites dans le cerveau ; or on sait que les données qui sont enregistrées dans les cellules nerveuses du cortex cérébral de l’homme n’ont pu y être acheminées que par le phénomène de conscience, c’est dire qu’elles sont forcément issues du monde, seule source à laquelle le cerveau puisse se désaltérer, satisfaire sa soif de savoir. (A suivre)

 

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

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