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A longueur de chroniques, journalistes, et commentateurs politiques, expliquent que la solution, miracle, à ce que certains appellent la crise de l’endettement des Etats européens, et que d’autres qualifient de crise de l’euro, résiderait, tout simplement, dans le déverrouillage  de  la création monétaire dans la zone euro : que la Banque Centrale Européenne soit autorisée à racheter, sur le marché secondaire, la dette des Etats qui plombe le bilan des banques, et le tour serait joué. Ils ajoutent que le pouvoir de la Banque centrale serait en l’occurrence sans limite. Vraiment ? Il suffirait donc de faire marcher la planche à billets. Comme ce serait simple, en effet. Malheureusement, les marchés, si on les laisse agir librement, sont soumis à une certains nombres de lois inéluctables. Par exemple, au delà d’un certain seuil, l’abondance de monnaie mise en circulation provoque sa dépréciation par rapport aux autres monnaies. Avant d’en arriver là, elle commence, nécessairement, par créer du pouvoir d’achat et, donc, par gonfler la demande de biens et de services ; dans une économie, comme celle de la France, largement dépendante de l’étranger pour sa consommation intérieure, la sanction immédiate, dans cette première phase d’un processus, qui risque d’en comporter trois (la seconde étant la dévaluation de la monnaie, déjà évoquée), serait l’aggravation de sa balance des échanges internationaux. La surabondance de monnaie ouvre, en outre, la menace (la troisième phase) de faire sombrer l’économie du pays dans le cycle infernal de l’inflation galopante, que l’Allemagne a si bien illustré, entre les deux guerres mondiales, auquel elle impute, et elle n’a pas tort, le triomphe du Nazisme, et qu’elle redoute par dessus tout… les Français aussi. Non le pouvoir de battre monnaie de la Banque centrale Européenne ne saurait être pas sans limite, mais il est clair qu’un assouplissement des conditions de la création monétaire serait de nature à dissuader les marchés de spéculer contre l’euro.

La mutualisation de l’endettement (l’émission d’euro-bonds, d’obligations émises au niveau européen, au profit des Etats) est également présentée comme un barrage, susceptible d’être opposé à la spéculation contre la solidité de l’euro, et à l’envol des taux que doivent acquitter les pays, les plus fragiles, et les plus endettés, pour couvrir leurs déficits publics. Cette formule permettrait, certainement, d’éviter un alourdissement démesuré de l’endettement des Etats.

L’Allemagne, cramponnée sur une option rigoriste visant à obtenir, à tout prix, une réduction, rapide, des déficits publics (souhaitable en soi mais pas forcément à la portée des Etats européens, compte tenu de la situation de leurs économies respectives), s’opposera, énergiquement, aussi bien à faciliter la création de la monnaie européenne, qu’à l’émission d’obligations au profit des Etats, tant qu’elle pourra, elle-même, financer ses déficits, qui sont loin d’être négligeables, en acquittant des taux d’intérêt modestes. Mais le moment approche où la crise, dans laquelle la mondialisation sauvage a plongé tout l’occident, va se révéler dans toute son ampleur, et où l’Allemagne sera, elle aussi, confrontée au déclin de son économie (celle-ci étant bien trop dépendante des autres économies de l’Europe pour pouvoir résister à l’effondrement de ces dernières). Espérons qu’elle saura réagir avant l’apocalypse, savoir, l’éclatement de l’Europe.

Le chemin de l’espoir, pour les 17 Etats de la zone Euro, et, partant pour les 27, car l’Europe ne survivra pas à une disparition de l’euro, est dans plus d’Europe, même si le mode de gouvernance qui est en train de se mettre en place, antidémocratique, est détestable, et, à terme, inacceptable. La priorité reste le sauvetage de L’Europe, donc de l’euro.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

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