Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

On a, en raison des évènements de Toulouse, arrêté, littéralement, toute la vie politique du pays (attention ! La vie politique seulement ; la vie économique, elle, ne connaît pas de pose, ou pour une minute, dite de silence, tout au plus), et on l’a fait savoir à grand renfort de communiqués, et de déclarations empreintes de solennité ; et, cela, à la veille d’élections d’une importance capitale pour la France. Mais a-t-on, vraiment, interrompu le jeu politique ? On peut en douter : on a mis en scène un président (sortant) qui suivait, « de minute en minute », l’évolution de la situation. Mais qu’ont fait d’autre tous les habitants de ce pays ; qui, devant sa télévision ; qui, son MP3 à l’oreille ; qui, sur l’écran de son ordinateur ; qui, à l’aide de son iphone ?… Oui, mais, le président, comme le ministre de l’intérieur, eux, ne perdaient pas leur temps, ils veillaient sur la sécurité des Français ; en somme ils faisaient de la politique… à très bon compte ; ça ne coûtait rien, et ça pouvait rapporter gros, si ce peuple est aussi stupide qu’on a parié qu’il l’est. Les compétiteurs du président sortant auraient été bien inspirés de ne pas se laisser prendre à ce piège grossier.

Toute la France retenait son souffle disait-on : la preuve ? Tout le monde était à l’écoute des nouvelles en provenance de Toulouse… N’était-ce pas simplement de la curiosité ? Certes cette curiosité était teintée d’une inquiétude ; on espérait n’avoir pas à déplorer de nouvelles mises à mort, pas même celle du forcené ; mais les dispositions prises étaient rassurantes ; on voyait bien que l’issue était proche ; on s’en remettait au savoir faire des forces de police engagées dans cette affaire (surtout qu’on avait assuré, sans rire, sans vergogne apparente, que le RAID, qui était en première ligne, avait toute la confiance du président, alors !… Comme c’est difficile, parfois, de tirer la couverture à soi ; heureusement que le ridicule ne tue pas, sans quoi on aurait assisté à une hécatombe de reporters et de commentateurs, autorisés par leurs compétences particulières, à venir porter la bonne parole au peuple, la parole officielle, sur le front de la vague médiatique ).

L’émotion, les Français l’ont ressentie, et ils continuent à la ressentir, vivement, sous forme d’une compassion sincère pour toutes les victimes innocentes, frappées à mort ; pour les trois malheureux enfants sacrifiés sur l’autel du fanatisme, pour le père de deux d’entre eux, lui aussi assassiné… et pour les familles de ces martyrs, pour ces survivants terrassés par la douleur,  brutalement confrontés à l’irréparable… victimes frappées à vie.

Les leçons de l’événement doivent être tirées. Les politiques doivent s’en saisir. Il leur appartient (c’est leur devoir) d’ouvrir un large débat, sans aucun interdit, et d’y associer l’ensemble de la Nation. Tout ce qui peut être fait, doit l’être, pour éviter, que de tels évènements ne puissent se reproduire. Qu’on ne dise pas que rien ne peut être entrepris dans ce sens, qu’il est dans la nature de l’homme de produire de la violence. La violence est, plus souvent, le symptôme d’une pathologie collective, plutôt que d’une pathologie individuelle. Il y aura, certes, toujours des êtres humains que la folie poussera à commettre des actes criminels ; Faisons en sorte que nos incohérences collectives n’arment pas leur folie destructrice, leurs mains criminelles… Il faut faire beaucoup plus que simplement exploiter les renseignements, et poursuivre pénalement tout appel au terrorisme ; il faut accepter de se remettre en question.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :