Le tueur fou

Comment, aujourd’hui, s’exprimer sur quel que sujet que ce soit, alors qu’un tueur fou, après un double meurtre commis à Montauban, vient d’assassiner trois enfants, à Toulouse, avec une arme de poing. Cette série d’actes de violence meurtrière doit elle être imputée à une seule et même personne ? On ne peut encore l’affirmer.

S’il s’agit d’un tueur unique, on ne connaît rien des raisons qui l’ont poussé à commettre ces actes abominables. On peut pourtant affirmer qu’il ne peut s’agir que d’un psychopathe. Jusqu’à ce qu’il tue, de sang froid, trois très jeunes enfants, on pouvait encore en douter ; maintenant plus.

Que les victimes appartiennent toutes à des minorités ethniques, ou religieuses, n’aggrave, ni ne restreint, en rien, la gravité du crime ; elles ne seraient pas toutes françaises que ça n’ajouterait, ni n’ôterait, quoi que ce soit à l’horreur du geste.

Toutefois, force est de constater que la folie qui s’empare des hommes, trop souvent, s’insinue dans leur cerveau, en empruntant le canal de préjugés sans fondement, mais dont la présence, bien que clandestine, ne manque pas d’empoisonner les rapports entre humains ; toutes les formes de racisme, même inavoué, de sectarisme, de repli identitaire frileux, y compris nationaliste, et encore plus patriotique, sont susceptibles d’armer la main criminelle d’un fou, et de devenir prétexte à d’abominables forfaits.

Les circonstances sont trop graves et trop douloureuses pour que quiconque ose les exploiter à des fins politiques. Ici je ne  veux faire appel qu’à la bonne foi et à l’honnêteté de tout un chacun ; il est temps de faire scrupuleusement son examen de conscience : quelle marque, aussi subtile soit-elle, de rejet, ou de stigmatisation, de l’autre, pour sa couleur, sa religion, son ethnie, sa nationalité, peut-on relever dans mes paroles, mes gestes, mes actes ? Suis-je, en particulier, assez niais pour croire que des plaisanteries sur de tels sujet puissent être totalement inoffensives, de nos jours, encore ? Allons plus loin, à l’instar de Jésus de Nazareth s’exprimant à propos de l’adultère, mes pensées, mes décisions, mes options, font-elle écho, d’une façon quelconque, et si peu que ce soit, à ce genre de considérations ?

C’est assumer une culpabilité d’une terrible gravité que de s’autoriser, dans le monde tel qu’il est, à laisser planer le moindre doute sur notre absolue détermination à éradiquer de nos existences toute forme de ségrégation.