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Longtemps les hommes ont cru que l’apparition de leur espèce marquait une rupture franche, nette et brutale, dans le cours de l’évolution des espèces ; la sélection naturelle (Dieu selon le cas) avait réalisé un bond pour déposer l’homme au sommet de l’évolution (de la création selon le cas) à une altitude indépassable (dans un cas comme dans l’autre). Avec l’homme, pensait-on, en effet, l’univers trouvait un interlocuteur à sa mesure ; le dernier maillon de l’évolution (la dernière créature) saurait y lire à livre ouvert ; tout, du moins, le laissait penser. Si bien qu’il devenait naturel d’imaginer que cet univers complexe, et immense, avait été créé à son intention... Car l’univers ne pouvait qu’avoir été créé. En effet, de son expérience personnelle, l’homme inférait que rien ne vient à être qui n’ait été fabriqué ; en somme l’univers qui ne pouvait qu’avoir succédé au néant avait, forcément, fait l’objet d’une création ex nihilo, et lui était destiné.  

L’idée qu’un système complexe puisse être doté d’une puissance d’évolution autorégulée a été longue à prendre forme. Les progrès réalisés en électronique permettent aujourd’hui de regarder bien des systèmes naturels comme des systèmes autorégulés : l’homme physiologique par exemple. Avec l’homme pensant, avec son cortex supérieur, en revanche, on reste encore réticent à admettre qu’on se trouve en présence d’une machine autorégulée. Reconnaître dans les facultés purement intellectuelles de l’homme, d’abord une production de la matière, ensuite une production autogérée, libre de toute intervention divine, ou magique (transcendante quoi) c’est toujours, manifestement, se situer au delà de ce que peuvent accepter, dans  leur grande majorité, nos contemporains. Que l’homme puisse n’être qu’un automate autoprogrammé leur paraît absolument invraisemblable. Pourquoi ? Parce que ce serait faire descendre l’homme (enfin pas n’importe lequel, pas monsieur tout le monde ; non, l’homme qui compte, celui qui a émergé du troupeau vulgaire, qui s’est haussé au niveau de l’élite) du piédestal où il a si longtemps trôné ; passer de l’idée que l’homme conçu à l’image d’un, ou des, dieux, à l’idée que l’homme pourrait n’être qu’un automate, même auto programmable, c’est consentir à reconsidérer son pouvoir créateur, sa liberté… enfin tous les attributs de l’humanité qui est censée habiter l’homme bien né, ou, qui, s’il n’est plus forcément issu d’une bonne extraction, a, du moins, prouvé, par une brillante réussite, qu’il est, par nature, au dessus du lot commun (l’honnête homme du vingt-et-unième siècle sait qu’il ne doit pas se hasarder à évoquer l’idée de race, mais n’hésite pas à tenir dans le plus profond mépris l’immense majorité de ses congénères qu’il considère comme appartenant à une sorte de sous humanité ; les races n’existent pas, mais la nature a manifestement sélectionné des classes ; ça crève les yeux, non ?).

Et pourtant, aujourd’hui, l’hypothèse que les extraordinaires facultés d’adaptation, d’intelligence, de l’homme puisse être le résultat d’une auto-programmation, non seulement ne peut plus être écartée, mais devient chaque jour un peu plus vraisemblable.

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

         

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