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Croire que mon cerveau n’est rien de plus qu’un ordinateur, tel que l'ordinateur existe à ce jour, ce serait faire preuve d’une niaiserie consternante. En revanche, penser qu’un ordinateur, par sa constitution physique, et par son mode de fonctionnement, peut servir de modèle, et d’outil d’expérimentation, pour essayer d’approcher les principes qui commandent à l’organisation, et à la mise en œuvre de ses propres capacités par le cerveau, ainsi qu’au développement de ses possibilités… voilà qui ne paraît pas absurde, a priori. On peut espérer, à partir de ce que l’on sait sur les outils de traitement électronique de l’information, commencer à lever le voile qui, jusqu’à il y a peu, cachait, totalement, les ressorts de l’intellect, de l’intelligibilité, de la compréhension, si bien qu’on en était réduit, encore naguère, à considérer que l’esprit humain s’alimentait directement au souffle divin.

Le cerveau traite de l’information, et restitue, en sortie, comme le fait un ordinateur, le résultat du traitement qu’il a fait subir à l’information recueillie en entrée.

En sortie, on trouve les actions, les paroles, les attitudes,… savoir, toutes les formes d’expression dont je suis capable ; mais avant tout, et surtout, en sortie, il y a ce qu’on appelle la conscience, ce docufiction, dont le metteur en scène est le cerveau ; lequel a le choix du scénario, et assure, automatiquement (sauf à faire intervenir la volonté ; hypothèse qui sera examinée ultérieurement)), les prises de vue, la sonorisation, le découpage, le montage… En entrée, l’information est véhiculée, comme on a été amené à le dire précédemment, par les cinq sens et le sens interne. Les accès au cerveau des sources, ou canaux, d’information sont, évidemment, équipés de décodeurs, qui réalisent la trans-codification (l’équivalent d’une opération de numérisation), pour traduire les signaux captés (en mode visuel, tactile, sonore…etc.), dans un langage compris par le cerveau, dans une codification utilisable par lui. Ce sont des procédures équivalentes qui vont rendre les résultats du traitement de l’information exploitables par les organes mobilisés à cet effet, leur faisant subir quelque chose comme une opération de trans-codification inverse.

L’existence de phases de décryptage des données en entrée, et en sortie, ne saurait être mise en doute ; il est évident que pour pouvoir fonctionner le cerveau doit y avoir recours, d’une façon ou d’une autre. L’affirmer ce n’est, cependant, pas résoudre les immenses problèmes que posent le repérage de leur localisation, et la compréhension de leur mode d’agir. On voudra bien admettre que tel n’est, d’ailleurs, pas ici le propos, et que les quelques réflexions qui vous sont proposées ne visent qu’à identifier, comme plausibles, i.e. comme non immédiatement récusables, de simples principes de fonctionnement.

Pour ce qui concerne le traitement des données, proprement dit, là encore on peut identifier différentes phases qui s’imposent d’elles-mêmes.

L’information recueillie, par quelque voie que ce soit, doit, nécessairement, avant toute autre chose, être synthétisée ; c’est la phase de préparation (entièrement automatisée) de la future, possible, représentation (séquence du docufiction permanent, ou quasi permanent, en quoi consiste mon état de veille, qui n’est pas encore un état de vigilance consciente, mais qui est l’état conscient, savoir la posture d’accueil que je suis en mesure de construire, et qui s’analyse en termes de compréhension, et de réactions affectives, celle-là dépendant dans une large mesure de celles-ci), alors que je suis confronté à une information nouvelle donnée (message sonore, visuel, tactile, sensation interne… ou autre).

La phase de synthèse (préconsciente) se développe à deux niveaux ; elle recense en vue de les coordonner toute les données secondaires recueillies à la périphérie de l’information principale (la parole qui m’a été adressée, le bruit qui m’a alerté…) ; en d’autres termes quelle que soit la cause déterminante qui va, éventuellement, être jugée, en fonction du degré d’intensité de l’écho affectif qu’elle éveille, comme devant mobiliser mon attention, et qui deviendra, alors, le thème dominant de la représentation qui est en cours de préparation, toute les sensations simultanées, qu’elles lui soient ou non fonctionnellement associées, vont être mobilisées, pour la caractériser de façon aussi complète que possible. Dans une seconde étape, toujours préconsciente , la future, possible, représentation (en préparation) va être documentée ; tous les éléments qui ont été regroupés en vue de sa constitution vont être analysés, en vue de déterminer si, à l’occasion de représentations antérieures, certains éléments constitutifs de cette nouvelle candidate au statut de représentation auraient éventuellement donné lieu à mémorisation, c’est-à-dire auraient été enregistrés, de façon pérenne, dans une arborescence, devenue facilement accessible, parce que souvent réactivée volontairement, ou parce qu’elle a été accompagnée d’un haut niveau d’affectivité.

C’est parce qu’il aura été sélectionné, soit au cours de la phase de synthèse, en raison de l’émotion qu’il a immédiatement suscité, soit ou au cours de la phase d’analyse, parce qu’il aura été repéré comme ayant été jugé (par le cerveau) digne d’intérêt en raison de l’un quelconque des aspects qu’il présente, et qui a déjà, par le passé, fait l’objet d’un traitement privilégié, que le lot d’information en cours de traitement va être élevé au rang de représentation.

Qu’est-ce qui fait, matériellement, physiquement, qu’un lot de données devient une représentation ? Peut-être l’activation d’un niveau supérieur d’intensité de l’énergie qui est utilisée pour en registrer les arborescences. On peut imaginer que c’est également en jouant sur ce même niveau d’intensité que le cerveau assigne à une représentation une durée d’activité plus ou moins longue.

Arrivé au point où nous voilà parvenu, un bref retour sur l’activité du cerveau s’impose, afin d’essayer de proposer une description de l’architecture du logiciel de la conscience qui soit de nature à rendre cohérentes entre elles les différentes phases de la construction d’une représentation, telle que décrite (certes bien trop sommairement, et trop approximativement) ci-dessus. (A suivre)

 

[Louis R. Omert est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Le sursaut », « Essai critique, social et philosophique », publié chez l’Harmattan, dans la collection « Questions contemporaines »]

      

 

 

 

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